LES AVC représentent la troisième cause de décès dans les pays industrialisés. D’où l’importance de réaliser une prévention primaire. Il existe un certain nombre d’arguments indirects indiquant qu’une consommation accrue en fruits et en légumes est utile pour la prévention des maladies cardio-vasculaires ischémiques, de certains cancers et aussi des AVC. Les études épidémiologiques laissent planer à ce sujet un certain nombre d’incertitudes. Elles sont généralement d’accord pour constater une prévention, mais l’importance de l’effet n’est pas déterminée. Les études sont nombreuses, mais de protocoles trop divers (étude écologique, cas-contrôles, mélangeant les aliments et les compléments alimentaires, etc.) pour que l’on puisse en tirer une conclusion sûre.
Des scientifiques londoniens (Feng He et coll.) ont interrogé MEDLINE, EMBASE et la « Cochrane Library » pour réunir des études aux protocoles comparables. Ont été incluses dans la métaanalyse des études prospectives qui évaluaient de manière quantitative l’association entre la consommation de fruits et de légumes (avec une quantification de la consommation) et la survenue des AVC, et à la condition d’avoir réalisé un calcul d’un risque relatif avec des intervalles de confiance à 95 %.
Suivis pendant une moyenne de treize ans.
Huit études, portant sur neuf cohortes indépendantes, ont répondu aux critères d’inclusion. Ce qui a permis de totaliser 257 551 individus vivant au Japon, en Europe et aux Etats-Unis, suivis pendant une moyenne de treize ans, au cours desquels sont survenus 4 917 AVC.
Une « portion » a été définie comme une quantité de 77 g pour les légumes et de 80 g pour les fruits (qui contiennent davantage d’eau). Quand les auteurs parlent d’une moyenne de cinq portions par jour de fruits et de légumes, cela représente la consommation d’une personne qui mange deux portions de fruits et trois de légumes, ce qui correspond à 391 g de ces aliments servis dans l’assiette.
On a considéré qu’un régime était insuffisant en fruits et en légumes en dessous de trois portions par jour. On a calculé le risque relatif d’AVC pour les personnes consommant davantage de fruits et légumes. Ce RR est de 0,89 pour les individus mangeant entre trois et cinq portions quotidiennes, ce qui correspond à une réduction de 11 % du risque. Le RR tombe à 0,74 (réduction de 26 % du risque) pour les personnes qui en mangent encore davantage.
Des analyses par sous-groupes ont été réalisées. Ce qui permet aux auteurs de dire : «Les fruits et les légumes ont un effet protecteur significatif à la fois sur les AVC ischémiques et hémorragiques.»
Les bases biologiques de cet effet sont connues : ces aliments représentent des sources de potassium, en folates, en fibres et en antioxydants (vitamines, flavonoïdes).
Comme l’HTA est la principale cause des AVC, la réduction de la TA sous l’effet du potassium pourrait être l’un des mécanismes clés. De plus, certaines études épidémiologiques suggèrent que le potassium aurait une action préventive directe contre les AVC, indépendante de l’effet sur la TA, sans que l’on sache exactement de quoi il s’agit.
Mettre en place des mesures publiques d’incitation.
Les études évaluant l’effet de vitamines – bêtacarotène, folates, vitamine C, etc. - sur le risque d’AVC donnent des résultats inconsistants. «Il est probable que l’association des nutriments et des composés contenus dans les aliments a un effet bénéfique supérieur à la somme de celui des nutriments pris isolément», écrit Lyn Steffen (Minneapolis) dans un commentaire. Il y a maintenant une bonne raison de mettre en place le plus tôt possible des mesures publiques d’incitation à la consommation des aliments végétaux. «Comme les habitudes se prennent dans l’enfance, poursuit la commentatrice , nous devons protéger les jeunes contre les maladies chroniques tôt dans la vie. Ainsi, un partenariat devrait être instauré entre les agences de santé publique, l’Etat et les industries locales, ainsi que les médias, pour promouvoir des choix alimentaires sains.»
Dans les pays développés, la moyenne de la consommation est plus proche de trois portions par jour que des recommandations en vigueur, comme aux Etats-Unis, où les instances de santé publique ont préconisé en 2005 entre 3,5 et 5 portions.
« The Lancet », vol. 367, 28 janvier 2006, pp. 320-326, et commentaire, pp. 278-279.
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