L A Société française de cytologie clinique (SFCC) a entrepris en 1998 une étude nationale multicentrique destinée à comparer le rapport coût/efficacité du frottis en suspension liquide (technique monocouche ThinPrep, Cytyc corporation), couplée ou non au typage viral HPV, au frottis conventionnel. Cet essai a été réalisé de manière indépendante de l'industrie pharmaceutique, avec l'aide financière de la DGS, d'un contrat PHRC et d'un projet ARC (1).
« Notre objectif, explique le Dr Cochand-Priollet, coordonateur de l'étude, était de comparer la sensibilité et la spécificité des deux tests dans les conditions de la pratique médicale française. Le recrutement a, par conséquent, été effectué dans les services d'anatomie et de cytologie pathologiques de deux hôpitaux universitaires (Louis-Mourier à Colombes et Jean-Verdier à Bondy), d'une part, et dans deux structures privées (Paris, laboratoire du Dr Cartier, et Besançon, cabinet des Dr Labé et Petit-Jean), d'autre part. »
L'étude a inclus 3 000 femmes : 2 000 qui se rendaient à la consultation pour un frottis cervico-utérin de dépistage et 1 000 pour lesquelles on pratiquait un frottis de contrôle à la suite de la découverte préalable d'une lésion. Ce deuxième groupe a été constitué pour augmenter la significativité de l'étude (5 % de lésions seulement sur les frottis de dépistage). Toutes les femmes ont eu un frottis conventionnel suivi d'un frottis en monocouche avec le matériel cytologique restant.
Colposcopie avec biopsies
Dans tous les cas, une colposcopie était systématiquement pratiquée, avec biopsie en cas de lésion, de sorte que les valeurs de référence de l'étude (« gold standard ») sont les résultats biopsiques.
Les premiers résultats annoncés récemment à Amiens, lors des Assises d'anatomie pathologique, ont porté sur 1 219 frottis (un tiers dans le groupe à risque et deux tiers dans le groupe dépistage). La sensibilité et la spécificité du frottis en suspension liquide pour détecter des lésions CIN1 ou plus (incluant ou pas des lésions ASCUS) apparaît identique à celle du frottis conventionnel. En revanche, le frottis en suspension liquide couplé au typage du HPV a une sensibilité supérieure au frottis conventionnel pour détecter une lésion potentielle.
Deux réserves doivent néanmoins être formulées devant ces résultats préliminaires. La première est, bien sûr, qu'ils ne portent que sur la moitié des effectifs ; quelques différences pourront donc être présentes dans les résultats définitifs, attendus à la fin de l'année 2001. La deuxième concerne « l'effet d'apprentissage de la lecture du frottis par recueil de cellules en milieu liquide ». En effet, bien qu'ayant reçu une formation spécifique avant la mise en route de l'étude, les anatomocytopathologistes sont beaucoup plus expérimentés dans l'interprétation des frottis conventionnels que dans celle des frottis en milieu liquide. Il est donc possible que la lecture des frottis en suspension liquide n'ait pas été optimale en début d'étude. Cet effet, dit d'apprentissage, sera intégré dans l'analyse des résultats définitifs.
Dr Catherine DESMOULINS
D'après un entretien avec les Drs Philippe Vielh (Institut Curie), Béatrix Cochand-Priollet (hôpital Lariboisière) et du Pr Vacher-Lavenu (hôpital Cochin).
(1) Diagn. Cytopathol. 2001 ; 24 : 1-9.
(2) Ann. Pathol. 1999 ; 5 : S84-7.
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