Le contentieux illustre la compétition acharnée que se livrent les opérateurs du marché en forte croissance de la prise de rendez-vous en ligne. La société RDV médicaux annonce ce mercredi avoir saisi en février 2018 l'autorité de la concurrence pour vérifier si « l'exclusivité de l'accès aux agendas des médecins » du CHU francilien octroyée à une société privée (en l'occurrence Doctolib) ne contrevient pas aux règles d'une « saine concurrence ».
Elle demande à l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) d'ouvrir sa base de données « répertoriant l'ensemble de ses médecins » à tous les opérateurs du marché de la prise de rendez-vous en ligne.
Biais
De fait, en 2017, à la suite d'un appel d’offres, l'AP-HP a noué un contrat avec la seule société Doctolib pour gérer la prise de rendez-vous des praticiens de ses 39 établissements.
« Aujourd'hui, la prise de rendez-vous en ligne avec les médecins de l'AP-HP n'est interconnectée qu'avec le service d'un seul acteur du marché », se désole RDV médicaux. Dans ce cadre, ajoute cette société, les médecins et patients ayant fait confiance à d'autres opérateurs se voient contraints de s'inscrire auprès du « seul opérateur auquel l'AP-HP a donné accès à sa base de données » lorsqu'ils veulent prendre rendez-vous dans un hôpital public parisien.
« Pour nous, cela crée un biais de concurrence, car certains médecins de l'AP-HP font appel à d'autres sociétés pour avoir un agenda numérique et gérer leur patientèle privée lorsqu'ils ont une activité mixte, ajoute David Bitton, directeur général de MyBestPro, maison mère de RDV médicaux. Or, quand on tape le nom du médecin sur Google, même si le médecin est chez RDV médicaux, le référencement favorise l'agenda du médecin de Doctolib via ce partenariat avec l'AP-HP. »
David Bottin a contacté le CHU francilien en septembre 2017 pour bénéficier du même avantage que son concurrent et pouvoir diffuser les plages de consultations des médecins de l'AP-HP directement sur son propre site. « Ils nous ont dit "non" sans entrer dans le détail », assure David Bitton. « Ça nous donne l'impression qu'un acteur public favorise un acteur privé », poursuit-il. « L'AP-HP regroupe 15 000 médecins, c'est crucial d'avoir ces informations », insiste-il.
Respect du contrat
De son côté, l'AP-HP précise au « Quotidien » avoir pris connaissance de la saisine de l'autorité de la concurrence et affiche sa volonté de coopérer. « L’intégralité du marché Doctolib a été communiqué à l’autorité de la concurrence en août 2018 », commente-t-elle. Ainsi, « Doctolib s’est vu attribuer le 13 juin 2016 un marché public "acquisition et mise en œuvre d’un portail de services Web de prise de rendez-vous directe pour les patients, la maintenance de la solution et les prestations et fournitures associées". »
Contacté également, Doctolib aborde ce litige avec « sérénité ». « Nous avons respecté le contrat AP-HP et nous respectons les règles de la concurrence comme l'exige la réglementation sur les marchés publics. Il n'est pas rare d'avoir un contrat mono-attributaire », se défend la société.
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