Décision Santé. Comment expliquez-vous cette nette victoire ? Est-ce un choix de personnalité ? Et/ou un vote politique ?
Frédéric Valletoux. Cette victoire m’encourage en tout cas à continuer avec conviction mon engagement au service de la communauté hospitalière. Je crois en effet que les administrateurs ont su reconnaître ma volonté de faire vivre un véritable dialogue au sein de la FHF, qui est bien la « maison des hospitaliers », celle où médecins, élus, directeurs, usagers peuvent se rencontrer pour contribuer à rénover ensemble notre service public de santé.
Au-delà des convictions de chacun, je crois que nous pouvons véritablement nous rassembler dans le respect de nos identités respectives. La plateforme politique bâtie l’an dernier, et qui continuera à inspirer nos actions au cours des prochaines années, est un bel exemple de ce que l’on peut construire ensemble et qui peut générer un véritable écho auprès des décideurs, des médias et de nos personnels.
D. S. Marisol Touraine lors de son discours fondateur à Hôpital Expo a affiché un franc engagement pour l’hôpital public. Après la baisse annoncée des tarifs hospitaliers pour l’année 2013, s’agissait-il d’un simple effet d’annonce ?
Frédéric Valletoux. L’écart entre les discours et les actes est en effet préoccupant. Alors que les premières décisions annoncées dans le PLFSS étaient conformes aux engagements présidentiels – arrêt de la convergence tarifaire et abandon du gel des missions d’intérêt général – et allaient dans le bon sens, la FHF a constaté avec stupéfaction un revirement total depuis plusieurs semaines.
Le gouvernement a d’abord octroyé un crédit d’impôt de plus de 350 millions d’euros aux cliniques privées dans le cadre d’un pacte de compétitivité qui ne les concernait pourtant pas, refusant même une mesure de bon sens et d’équité comme une réduction équivalente de la taxe sur les salaires qui pèse sur nos établissements. À cet effet d’aubaine, il a ajouté une discrimination supplémentaire en réduisant de 1,7 % les tarifs des hôpitaux publics et de 0,5 % seulement ceux des cliniques. Ce faisant, il a transféré aux cliniques privées deux fois plus d’argent que ce qui était réalisé par l’ancien processus de convergence tarifaire.
Ce renversement, pour ne pas dire ce reniement, est aussi incompréhensible qu’inacceptable.
D. S. Avec ce nouveau mandat, allez-vous poursuivre votre combat contre les cliniques privées ?
Frédéric Valletoux. Nous n’avons aucune envie de « combattre » les cliniques privées, qui contribuent largement à la qualité de notre système de santé. Sur le terrain, nous travaillons souvent en bonne entente – c’est le cas à Fontainebleau – et il faudra construire demain de nouvelles coopérations pour pallier notamment aux difficultés de la démographie médicale.
Mais nous ne pouvons construire de relations de qualité au plan national que si chacun respecte l’autre en arrêtant de le brocarder, et en cherchant sincèrement à bâtir un financement équitable et transparent.
Face aux attaques continuelles et à la volonté de déformer la réalité, il est de mon devoir de défendre nos établissements et nos valeurs.
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