Ses yeux sont immenses. Son regard plein de vie. Son accueil est chaleureux et c'est d'un pas dynamique qu'elle vous fait entrer dans son bureau. La pièce est petite, le meuble de travail en occupe la majeure partie, il est jonché de dossiers. Son agenda est ouvert devant son fauteuil et chargé de rendez-vous. Cette femme, à n'en pas douter, est pleine d'énergie. Elle s'investit depuis plusieurs décennies dans une spécialité qu'il a été difficile de faire bouger.
La gériatrie, c'est une passion qui est venue sans prévenir chez Françoise Forette (1). Elève studieuse et dévoreuse de livres, elle décide après son bac de faire une année de littérature. Mais c'est l'envie d'être médecin qui prend le dessus. Elle change d'orientation. Durant son externat, la gynécologie obstétrique qui, à l'époque, réservait ses futurs postes d'interne, la séduit. Elle prépare l'internat, passe un premier concours, mais n'est reçue que dans le peloton final, ce qui lui donne le titre d'interne provisoire. Quelque part une chance pour elle et pour la gériatrie ! Car, pendant qu'elle attend de repasser le concours et d'obtenir un poste d'interne définitif, une amie lui conseille de prendre son poste d'interne provisoire à l'hôpital gérontologique de Charles-Foix. Et là, c'est la découverte inattendue d'une spécialité, grâce en partie aux qualités humaines du Pr Bertaux. « J'ai rendu mes places de gynécologie-obstétrique car ma voie était dorénavant tracée, se rappelle-t-elle en souriant. Je pensais que la gériatrie évoluerait rapidement ; mais cela a pris beaucoup plus de temps. »
La gériatrie lui doit beaucoup
C'est par le biais de l'HTA qu'elle attire l'attention sur sa spécialité. Elève du Pr Milliez, elle se forme à cette pathologie et aborde ses premières recherches chez le sujet âgé. Devenue chef de service à l'hôpital Charles-Foix, elle ouvre une consultation pour approfondir ces travaux et s'aperçoit alors que les pertes de mémoire sont un grand motif de consultation. C'est un tremplin pour ses études sur les démences. Elle fait intégrer un protocole démence dans les études sur l'HTA. « On mettra ainsi en évidence qu'un traitement antihypertenseur diminue de moitié l'incidence des démences. »
Parallèlement, elle se bat pour l'introduction d'un module vieillissement obligatoire dans les études médicales. C'est enfin chose acquise. Présidente de la Société française de gériatrie et de gérontologie, elle uvre également pour la reconnaissance de la spécialité. Les choses évoluent lentement. Car, en 2003, c'est toujours la Commission nationale universitaire dirigée par des internistes qui désigne les candidats gériatres.
Depuis deux ans, elle poursuit ses activités sur un autre front, celui de la politique en tant que conseiller municipal du 13e arrondissement de Paris, dans le dessein, entre autres d'augmenter le nombre d'institutions pour personnes âgées dans la capitale et de faciliter le rapprochement des familles. Son énergie, renforcée par le charme et la fermeté de sa voix, la promet au succès de cette nouvelle bataille. Mais d'où Françoise Forette tire-t-elle toute cette vitalité ? Peut-être du souvenir de sa grand-mère, sa grande complice, qui a vécu jusqu'à 104 ans.
(1) Hôpital Broca, Paris.
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