Ils étaient quatre auteurs à figurer dans la dernière sélection des jurés Goncourt et à prétendre ainsi à la succession de Laurent Gaudé (« le Soleil des Scorta »). Deux écrivains « ordinaires » : Olivier Adam « Falaises » et Jean-Philippe Toussaint « Fuir », et deux « superstars » : Michel Houellebecq « la Possibilité d'une île » et François Weyergans. C'est finalement ce dernier qui l'a emporté pour son roman plusieurs fois annoncé et reporté, « Trois jours chez ma mère », paru chez Grasset. Par 6 voix contre 4 à son challenger.
C'en est donc fini du suspense qui a agité le lanterneau littéraire depuis qu'est enfin paru, début octobre - c'est-à-dire juste à temps pour prendre le train du Goncourt -, le dernier opus de François Weyergans, alors que, depuis la mi-août, tout et tous laissaient accroire qu'il ne pouvait y avoir que deux seuls gagnants, Michel Houellebecq et son éditeur Fayard.
« Choisir Weyergans c'est une manière de démontrer notre indépendance », a souligné Didier Decoin, le secrétaire général de l'Académie, à l'issue du scrutin ; tandis que François Nourissier, autre membre du jury qui a voté contre lui, s'est contenté de dire qu'il se rangeait au choix de la majorité. On est loin encore, il faut le reconnaître, de propos sur la qualité littéraire des œuvres !
« Trois jours chez ma mère » n'a pas fait l'unanimité : certains admirent la grâce et l'art de la digression de son auteur qui passe d'un sujet à l'autre avec fluidité, humour et érudition, mais d'autres soulignent la construction artificielle et le côté un peu démodé de l'ouvrage.
Telle une mise en abyme, le roman raconte en effet l'histoire d'un homme, le double de l'auteur, François Weyergraf, qui n'arrive pas à finir « Trois jours chez ma mère », dont le narrateur, François Graffenberg, aurait envie d'écrire les aventures d'un certain François Weyerstein... L'écrivain en panne a plein d'idées de livres sur les sujets les plus divers mais il « n'agit pas », il ne cesse de tergiverser alors que les impôts le pourchassent et qu'il pense un peu trop aux femmes.
Sa mère, qui vit seule en Haute-Provence et qu'il n'a pas vu depuis longtemps, le pousse à écrire. Il souhaite passer un peu de temps avec elle mais, là encore, il repousse sa visite. Jusqu'au jour où elle tombe dans son jardin et se blesse.
« Ce soir, j'aurais aimé lui écrire que je viens de mettre le point final à un livre que j'ai décidé de terminer quand, après sa chute, j'ai passé trois jours chez ma mère. » Point final de l'ouvrage.
Sa mère, maintenant âgée de 91 ans, est d'ailleurs la première personne que François Weyergans a appelé après l'annonce des résultats. Ce qui ne l'empêche pas d'insister sur le fait que ce livre est un roman et non une autobiographie. « Ce sera pour plus tard », a-t-il déclaré. Dont acte.
Agé de 64 ans, François Weyergans - qui est aussi critique de cinéma et réalisateur - a écrit en 1973 « le Pitre », suivi de plusieurs succès comme « Macaire le Copte » (1981), « le Radeau de la méduse » (1984), « la Vie d'un bébé » (1986), « Je suis écrivain » (1989), « la Démence du boxeur » (prix Renaudot 1992) et bien sûr « Franz et François » en 1997.
Goncourt
François Weyergans : merci, maman !
Publié le 07/11/2005
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FRENEUIL Martine
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7838
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