DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE CAPITOLE passera-t-il cette année aux mains de la gauche, après 37 ans de municipalité de droite ? A Toulouse, un pronostic chasse l'autre - un récent sondage créditait le candidat PS Pierre Cohen de 52 % d'intention de vote au second tour, contre 48 % pour le maire sortant, Jean-Luc Moudenc centriste apparenté UMP ; L'Autre Liste de François Simon raflait quant à elle 6 % des suffrages au premier tour, un point derrière le Modem, emmenés par Jean-Luc Forget.
Le Dr Simon, donc, remet le couvert. Le généraliste toulousain avait créé la surprise en 2001 en se présentant sous la bannière socialiste face au ministre de l'époque, Philippe Douste-Blazy. Il avait finalement raté la marche du Capitole avec 45 % de suffrages au second tour. En 2008, il fait cavalier seul avec une liste de gauche alternative baptisée « L'Autre Liste ». Sa stratégie : aller au bout du premier tour puis s'allier avec le socialiste Pierre Cohen pour peser sur les décisions de politique de la ville en cas de victoire de la gauche. Seul problème, à ce jour, Pierre Cohen ne l'a toujours pas sollicité. « C'est surréaliste, je pense qu'il fait une erreur », confie le médecin avec une pointe d'amertume. Lui qui souhaite vraiment jouer un rôle dans la politique de la ville rêve plutôt d'un 10 % au premier tour. Pour cela, il a concocté un projet différent qui n'émane pas de partis politiques. L'Autre Liste est une liste citoyenne dans la lignée de la liste Alternative en Midi-Pyrénées qui avait fait 12 % à Toulouse aux régionales de 2004. Elle rassemble syndicalistes et militants associatifs et aussi quelques ex-membres de partis politiques. Lui en tête a déchiré sa carte du Parti socialiste en 2004. « Mon départ du PS, c'est un peu comme l'histoire de la goutte d'eau qui fait déborder le vase. La défaite de Jospin en 2002 n'a engendré aucun débat de fond et, finalement, je ne me retrouvais plus du tout dans cette gauche que je considère aujourd'hui en décalage total avec la réalité », explique-t-il.
Sur l'Autre Liste, il est rejoint par Pierre Labeyrie (Les Verts), Michel Desmars (Motivé-e-s) ou encore Marie-Paule Lambert, l'épouse du fondateur des Paysans travailleurs, à l'origine de la première marche sur le Larzac. Ses remèdes pour la ville, le Dr Simon les a mis au point dans son laboratoire : les ateliers de la ville utopique. « Nous nous sommes inspirés de ce qui se fait à Nantes ou à Londres. » Parmi ses projets : la gratuité des transports, la renaissance de la culture de proximité, une meilleure prise en compte des quartiers défavorisés par des systèmes financiers incitatifs, la remunicipalisation de l'eau...
Une consultation reflet du militantisme.
Sur la forme, la campagne de 2008 n'a plus rien à voir avec celle de 2001. Pour installer leurs locaux, les alternatifs ont choisi le quartier du faubourg Bonnefoy, loin des vitrines huppées du centre-ville. « On a la campagne que l'on peut faire ! Cette fois je n'ai pas d'état-major, les tracts sont comptés et à Bonnefoy les loyers restent raisonnables. » Autre différence notable, le candidat Simon est aussi médecin à temps complet : consultations ou visites quotidiennes, permanence de soins tous les jeudis matins à la maison de retraite des Minimes, il a décidé de ne rien changer à ses habitudes et troque facilement sa veste de candidat pour la blouse blanche. « Il y a une similitude complète entre la façon dont j'exerce mon métier de médecin de ville et ma vision humaniste de la politique. Ma salle de consultation correspond à mon militantisme, 17 nationalités s'y croisent. En ce moment, bien sûr, ils sont compréhensifs et excusent mes retards. »
Pour l'heure, le local de campagne est assez calme, « il va bientôt se transformer en ruche », prévient-il. Quand au candidat, dans la rue, on ne lui donne pas encore du monsieur le maire, mais il est plutôt encouragé et questionné sur des aspects concrets de son programme. Pour aller à la rencontre des électeurs, François Simon n'est pas un adepte des grands shows politiques : « Je ne suis pas professionnel de la politique », se défend-il. Sa recette à lui, ce sont plutôt des apéritifs débats comme ce soir de semaine dans un petit troquet du quartier des Carmes. Dans ce quartier bourgeois du centre-ville, l'électorat n'est pas acquis. « Ce sera un peu un test », reconnaît-il.
A 19 heures, les premiers à passer la porte sont surtout des fidèles. Petit à petit, pourtant, les curieux pointent leur nez, comme Michèle qui habite le quartier et a été sollicitée dans la rue quelques jours plus tôt. « Je suis une déçue de la gauche, et là, vraiment, je fais ma tournée des popotes. Je viens faire mon marché », confie-t-elle hésitante. Le thème de la soirée, c'est la renaissance de la culture à Toulouse, mais c'est plutôt sur la gratuité des transports et la flambée du foncier que le candidat est attendu. Deux heures plus tard, la rencontre a bien eu lieu, mais certains repartent avec leurs doutes. Michèle est toujours sceptique : « Le discours est proche du citoyen mais un peu passe-partout ; rien n'émerge vraiment, je ne sais toujours pas pour qui je vais voter... »
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