« J'aurais aimé connaître la vraie gloire en jouant Sartre. Je l'ai obtenue en faisant le poirier. La pièce s'appelait Bobosse ! » : au-delà de la pirouette, la phrase pourrait résumer la longue et riche carrière de François Périer, qui vient de mourir à 82 ans.
Périer joue la comédie depuis une dizaine d'années quand Jean-Paul Sartre lui propose en 1949 de créer « les Mains sales » ( « le plus beau livre que j'ai jamais lu », disait-il). Il avait un « maître à jouer », Louis Jouvet, Sartre fut son « maître à vivre ». Du philosophe, Périer va jouer aussi deux autres grandes pièces, « le Diable et le bon dieu » et « les Séquestrés d'Altona ».
Ce qui ne l'empêche pas de donner sur les scènes du boulevard quelques énormes succès, comme « Gog et Magog » et surtout « Bobosse », donc, d'André Roussin, avec plus de 1 000 représentations.
Jusqu'au début des années quatre-vingt dix, François Périer aura joué et parfois mis en scène 34 pièces, signées des auteurs les plus divers, de Molière à Anouilh en passant par Pirandello, Félicien Marceau ou Arthur Miller. De ce dernier, « la Mort d'un commis-voyageur », une pièce qui l'a « ébranlé » : « C'est le bilan de la vie d'un homme qui s'aperçoit que, toute son existence, il a vendu du vent ».
Périer se voulait comédien plutôt qu'acteur, selon la distinction de son maître André Brunot, et surtout pas star : « Le comédien disparaît derrière le rôle alors que l'acteur laisse toujours transparaître sa personnalité. Toutes les grandes stars sont des acteurs et non des comédiens ». Homme de théâtre avant tout, il a aussi été comédien dans plus de 100 films, avec là aussi une très large palette. Il a tourné pour Marcel Carné (« Hôtel du Nord »), René Clair (« le Silence est d'or », Jean Cocteau (« Orphée »), Fellini (« les Nuits de Cabiria »), Jean-Pierre Melville (« le Samouraï », « le Cercle rouge »), Alain Corneau (« Police Python 357 ») et même Godard (« Soigne ta droite »).
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