Livres
E N publiant « Cosette ou le temps des illusions », une suite des « Misérables » de Victor Hugo, sans demander l'autorisation à ses ayants droit, François Ceresa, l'auteur, et les éditions Plon se retrouvent devant la justice. Le tribunal de grande instance de Paris examinera le 27 juin la demande des héritiers de l'écrivain qui souhaitent l'interdiction du volume lancé à grand renfort de publicité le 3 mai. Un second tome, qui s'appellera « Marius ou le fugitif », est programmé pour le 6 septembre.
Estimant que l'uvre appartient au domaine public, les éditions Plon ont donc demandé à François Ceresa, rédacteur en chef adjoint de « Télé-Obs » et auteur de neuf romans, d'imaginer une suite à l'uvre hugolienne. Son postulat est que si Jean Valjean est bien mort, l'inspecteur Javert, qui s'était jeté dans la Seine, a été repêché ; il devient le personnage principal de cette vaste fresque qui court de 1833 à 1836, un XIXe siècle minutieusement reconstitué et qui permet au passage de saluer Dumas, Daumier, Eugène Sue, George Sand et V. H. lui-même !
Pour les éditions Plon, « il s'agit bien d'une uvre originale et pas du tout d'un pastiche ».
Pour Pierre Hugo, l'aîné des descendants de Victor Hugo - et la Société des gens de lettres dont celui-ci fut l'un des premiers présidents -, il s'agit « d'une contrefaçon à finalité purement commerciale et une atteinte à l'intégralité de l'uvre ». Il s'appuie notamment sur une phrase de Victor Hugo, commentant la mort de Javert : « Si cette fin n'émeut pas, je renonce à écrire jamais » et il réclame 4,5 millions de francs pour le préjudice subi ainsi que l'interdiction de l'exploitation du livre - qui a été tiré à 65 000 exemplaires - sous astreinte de 50 000 F par jour de retard.
Ce genre de polémique n'est pas nouveau et a connu des fortunes différentes. Il y a eu notamment la suite d'« Autant en emporte le vent » par Alexandra Ripley (« Scarlett », 1991, Belfond), qui fut négociée par les héritiers de Margaret Mitchell ; ceux-là mêmes qui viennent d'obtenir l'interdiction de la publication de « The Wind Done Gone » dans lequel Alice Randall revisite l'ouvrage à travers le regard d'une demi-sur mulâtre de Scarlett. Alors qu'en 1966 la publication de « The Wide Sargasso Sea » (« la Prisonnière des Sargasses, Denoël, 1971), dans lequel Jean Rhys réécrivait l'histoire de « Jane Eyre », le chef-d'uvre de Charlotte Brontë, du point de vue de la première femme créole de Rochester, n'avait suscité aucun scandale. Et plus récemment, ce furent Bertrand Poirot-Delpech qui donna une fin différente à « Paludes », de Gide (« J'écris Paludes », Gallimard), Claude-Henri Buffard qui imagina le destin de Berthe, la fille de madame Bovary (« la Fille d'Emma », Grasset) ou Françoise Hamel qui reconstitua les lettres perdues de madame de Grignan à son illustre mère madame de Sévigné (« Ma chère mère », Plon)...
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature