Les quinze syndicats membres de la Coordination médicale hospitalière (CMH) ont accepté « très majoritairement » la base du projet de texte législatif proposant une réforme de l'organisation des hôpitaux publics (exception faite de l'Amuhf, voir encadré ci-contre), a indiqué le Dr François Aubart, président de la CMH, qui a donc prévu de signer le protocole d'accord du ministre de la Santé aujourd'hui.
« Je signerai, explique-t-il, car, si cette réforme comporte une petite prise de risque, elle est acceptable : la situation actuelle dans les hôpitaux est mauvaise, le changement indispensable, et car la plupart de nos propositions ont été retenues. » Ainsi, l'organisation en services demeure, la nomination des chefs de service reste nationale (l'affectation devient locale sauf en cas de conflit), les responsables de pôles seront proposés par les membres de pôles et non plus par le directeur (ils seront désignés localement par le président de la CME et le directeur après avis de la CME et du conseil exécutif), explique le chirurgien orthopédiste. La création d'un conseil exécutif satisfait particulièrement le syndicaliste. « Actuellement, il n'y a pas de structure paritaire qui associe les médecins et les administratifs. C'est chose faite, dans de bonnes conditions, avec une vraie parité et un conseil démocratiquement désigné. Ses missions seront suffisamment larges pour que ce lieu ne soit pas un faire-valoir, un alibi, mais un vrai moyen de ressourcer la responsabilité des médecins », explique-t-il.
Certains passages du projet de loi ne conviennent pas à François Aubart, comme celui qui rend possible la fusion de la CME et du CTE en un comité d'établissement de manière transitoire. Mais « la plupart de nos demandes ont été entendues, les médecins vont enfin retrouver du pouvoir à l'hôpital, c'est l'essentiel », poursuit-il. Décidé à se démarquer des syndicats non signataires, le Dr Aubart affirme « défendre le syndicalisme actif, qui fait avancer les choses ». Toutefois, le président de la CMH ira lui aussi manifester le 22 janvier. Tout comme les Drs Bocher et Faraggi. Mais il s'agit là d'un problème distinct, explique le Dr Aubart. « En appelant à la grève jeudi prochain, nous adressons un message fort sur deux autres dossiers chauds : celui du recrutement et de la démographie, et celui des finances de l'hôpital à court terme. » Reste à voir si le message n'apparaîtra pas quelque peu brouillé pour la base de la CMH. Le président du Snam, l'autre signataire attendu du texte sur la réforme de la gouvernance, ne voit pas, lui, l'intérêt de cette journée de grève. « Les négociations sur le budget et le financement n'ont pas commencé ; quant aux problèmes démographiques, ils se règlent en dix ans, dit le Pr Claude-François Degos . Je suis aussi très vigilant, mais je ne commence pas des discussions par une grève. Je ne l'envisagerai que si les pourparlers n'aboutissent pas. »
La « résistance » des médecins urgentistes
L'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuhf), présidée par le Dr Patrick Pelloux, a annoncé son intention d'entrer « en résistance » contre la version finale du projet de réforme de l'organisation interne à l'hôpital proposé par Jean-François Mattei.
« La gouvernance technico-économique des soins telle qu'elle serait définie à l'avenir est le début de la privatisation des hôpitaux publics », met en garde l'Amuhf, avant de s'élever contre « cette organisation administrative et mandarinale ».
« Nous ne laisserons pas le pouvoir de l'argent et de la gestion continuer de décider, seul, du sort des malades », ajoute l'Amuhf, qui stigmatise « la tarification à l'activité, l'intéressement, la rentabilité », autant d' « armes de la mort du service public hospitalier ».
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