Théâtre
De quel droit peut-on interdire une variation sur « l'Opéra de quat'sous » quand Brecht lui-même s'était inspiré de « l'Opéra des Gueux » (« The Beggar's Opera», 1728) de l'Anglais John Gay ? C'est pourtant ce qui s'est passé pour Fellag. Il annonçait depuis des mois son « Opéra d'Casbah » qu'il situait à Alger en 1930... et puis, à quelque temps des premières représentations, patatras, on nous annonce cette interdiction. Comment l'opéra musical populaire de Jérôme Savary ne s'est-il pas inquiété plus tôt de cette question des droits ?
En tout cas, le spectacle n'a rien à voir avec un opéra, pas même une comédie musicale. Deux protagonistes : une chanteuse qui fait un récital en première partie. Star des stars en Algérie, Biyouna. Un amuseur des tréteaux en deuxième partie, Fellag. Quatre danseuses orientales de music-hall. Plus une apparition sympathique, celle de Abdou Elaidi, en faux régisseur. Et un très bon orchestre dirigé par Nasredine Dalil. Alain Poisson signe les lumières, Jérôme Savary la mise en scène.
Cela fait peu pour la scène de la salle Favart. Mais Biyouna est une comédienne exceptionnelle avec des ambiguïtés de cabaret pour travesti. Elle fait rire et conquiert le public « gaulois » qui ne la connaît pas ! Elle a une présence, une voix sublime et, clin d'il, chante un des airs de « l'Opéra de quat'sous »... très bien. Elle s'amuse, change de robe toutes les demi-heures. Une reine. Sa complicité avec Fellag est heureuse.
Lui, il arrive en Anglais à la fin de la première partie. Il rame. Il revient déguisé en Arabe typique vu par les colonisateurs dans les années trente après l'entracte. Sympathique Fellag. Mais sa variation sur « Comment préparer un bon p'tit couscous » est laborieuse. Et pour le reste, il s'en tient à un registre de chansonnier. Alors, évidemment, taper sur l'Amérique, le gouvernement algérien, etc. dans une salle qui lui est tout acquise, ça marche !
En fait, puisque l'on ne pouvait pas jouer « l'Opéra d'Casbah » - et on ose espérer que cela ne cache pas une défaillance de production -, il fallait associer tout au long du spectacle Biyouna et Fellag. A eux deux, ils auraient inventé jour après jour un « vrai » spectacle ! Mais rien que pour l'atmosphère de Favart, la soirée n'est pas perdue, au contraire !
Opéra-Comique, salle Favart, à 20 heures du mardi au samedi et le dimanche à 15 heures. Durée : 2 h 20 entracte compris (08.25.00.00.58). Jusqu'au 29 juin.
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