AU FIL des ans, Michel Portal est devenu un musicien précieux. Précieux au sens de la valeur et du particulièrement utile. A 71 ans, le poly-instrumentiste – il pratique indifféremment les clarinettes (dont la basse), les saxophones (alto, ténor et soprano) et le bandonéon –, rompu à tous les terrains musicaux – il est adulé aussi bien par le monde de la musique classique, sa formation de base, que par les fans de jazz –, a toujours préféré le contact avec le public – le « live » – pour des raisons de communication au côté impersonnel d’un studio d’enregistrement. Voilà pourquoi il aura attendu six ans avant de visiter un studio pour délivrer « Birdwatcher » (Emarcy/Universal Music Jazz France).
Pour ce nouvel opus, Michel Portal est retourné à Minneapolis et y a retrouvé des jazzmen et des complices qu’il affectionne tout particulièrement : Tony Malaby (saxophone ténor), Tony Hymas (piano-claviers), François Moutin (contrebasse), Airto Moreira (percussions), Jef Lee Johnson et Sonny Thomson (basse électrique), ou encore Michael Bland (batterie).
Le résultat est somptueux. Grâce à cette « dream team », notre héros national a tout simplement enregistré son meilleur album studio, fait d’une très grande intensité, d’échanges passionnants et riches, de thèmes offrant de larges possibilités d’improvisations funky et groovy. Bref, un disque d’une rare homogénéité, d’une forte complicité, de partage et de communication. Une pièce maîtresse dans la totalité de l’oeuvre de Michel Portal.
Clarinettiste et saxophoniste com-me son aîné, Louis Sclavis est un musicien qui aime les défis. Explorateur à la recherche de sonorités neuves, adepte du changement sonore et désireux de faire évoluer le jazz « made in France » vers une nouvelle syntaxe musicale dans laquelle la pluralité est de rigueur, il s’est retrouvé en studio pour enregistrer « l’Imparfait des langues » (ECM/Universal).
Entouré de jeunes musiciens – Marc Baron (saxo alto), Paul Brousseau (claviers-sample), Maxi-me Delpierre (guitares) et François Merville (batterie) –, le leader, âgé de 53 ans, a voulu dépasser les limites de l’univers de la musique actuelle pour aller au-delà, vers un futur où fusion et polyphonie sont sur la même gamme d’ondes.
Avec « Alerte à l’eau » (Label Bleu), le contrebassiste Henri Texier vient vraisemblablement de graver le premier CD de l’école française de jazz, possédant des accents écologiques. Un témoignage qui s’ajoute à son précédent enregistrement « (V)ivre » (Label Bleu), dans lequel le leader dénonçait déjà les graves désordres mondiaux et les crises de la planète.
Afin de poursuivre son engagement, le contrebassiste a réuni son Strada Sextet (avec, notamment, son fils, Sébastien, clarinettes et saxophones, François Corneloup, baryton, et Manu Codjia, guitare), pour transmettre à l’auditeur, à travers des compositions originales véhémentes, emportées et fougueuses, sa colère et l’urgence de son message. Heureusement que le disque se termine quand même sur une lueur d’espoir, intitulée « la Valse de l’eau »…
Avec le bassiste Jean-Marc Jafet, nous sommes loin de ces préoccupations. Pour son dernier CD, « Live Moments » (Cristal Records/Abeil-le Musique), enregistré en direct au Duc des Lombards, à Paris, en 2005, le jazzman niçois, qui est aussi chanteur, et ses acolytes – Thierry Eliez (piano), Denis Leloup (trombone) et Yoann Serra (batterie) – ont voulu donner à cette musique originale et mélodique à la fois du lyrisme et de l’intensité, qui ressemble parfois à un tourbillon sonore. Un style de conviction, généreux et intéressant.
> DIDIER PENNEQUIN
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