UN « MANQUE de coordination » entre l'Union France Alzheimer (UFA) et ses 105 associations locales, des actions sociales « trop peu importantes » (54 % des ressources en 2003), « au regard des fonds investis dans la collecte et les frais de fonctionnement » et « des conditions d'attribution des bourses de recherche peu sélectives » montre des « approximations dans la gestion » de l'UFA, rapportent « le Figaro » et « le Parisien » dans leur édition du 7 décembre. Les deux quotidiens se font l'écho d'un prérapport de la Cour des comptes sur le fonctionnement de France Alzheimer entre 2000 et 2003, transmis pour avis au chef du gouvernement, aux ministres de la Santé et des Finances, ainsi qu'à l'association. Un document définitif prenant en considération les remarques des uns et des autres sera rendu public dans le courant du deuxième trimestre 2006.
Ni malversations ni dérives financières.
La presse accuse l'association d'un défaut de transparence et d'intégrité « pour nous nuire », commente en substance pour « le Quotidien » Arlette Meyrieux, présidente de France Alzheimer depuis juin, qui a tenu à convoquer les médias mercredi matin. Les quelque 100 000 familles en contact avec l'organisation « sont écœurées. Elle ne comprennent pas un tel acharnement ».
Les commissaires chargés de l'enquête ont affirmé à Arlette Meyrieux, au cours d'une audition, « qu'aucun train de vie n'était critiquable, ni au siège ni parmi les administrateurs ». « Il n'y a pas de malversations ou de dérives financières. »
La Cour des comptes, en fait, relève « des choix stratégiques qui n'ont plus cours aujourd'hui ». Ses appréciations « confortent la réorientation entreprise », dit la présidente. Au chapitre de la recherche, les fonds attribués sont passés de 367 000 euros en 2003, une somme égalant sensiblement les frais de communication, à 500 000 en 2005 (+ 36 %). « La Cour a voulu souligner que la part revenant à la recherche n'était pas assez importante, mais sans parler d'excès de dépenses en communication. » Cette année, le budget communication est de 285 000 euros, contre 382 000 en 2004.
Pour ce qui est de « la mission de base », à savoir le soutien aux familles et aux malades, les sommes allouées vont croissant, de 549 000 euros en 2003 à 623 000 en 2005, voire 1,2 million en 2007, selon les prévisions. En outre, afin de décharger les 3 000 bénévoles, des mi-temps de salariés sont mis en place dans les départements, tandis qu'une personne se voit confier le rôle d'interface entre le siège et les réseaux.
Au total, le social bénéficie des trois cinquièmes des ressources, comme dans la plupart des organismes du même type, contre 53 % en 2003. Et, tient à faire remarquer au « Quotidien » Arlette Meyrieux, « il n'est pas de notre vocation de créer des accueils de jour », comme semble l'ignorer la Cour des comptes. « Dans ce domaine, il nous appartient de relever l'insuffisance des structures en place. »
Un comité scientifique guidé par la rigueur.
Quant au comité scientifique de l'association, il est accusé de n'avoir pas « de règles précises » sur d' « éventuels conflits d'intérêt qui peuvent surgir lorsque les demandes de boursiers émanent de chercheurs travaillant dans le laboratoire d'un des membres du comité » ou ayant publié avec lui - en trois ans « 10 lauréats sur 22 » étaient dans ce cas. Arlette Meyrieux juge l'appréciation « très exagérée ». « Cela pouvait être supposé mais pas avéré. Depuis que je suis en fonction, les choix des boursiers se font de manière transparente et donnent lieu à des discussions auxquelles participent une vingtaine de personnes. Il n'y a pas de suspicion à avoir aujourd'hui. »
Pour le Pr Françoise Forette, chargée de la promotion de la gériatrie universitaire et des problèmes de longévité au cabinet de Xavier Bertrand, le fonctionnement du comité scientifique, dont elle a assuré la présidence jusqu'en 2004, « a toujours été soumis à la plus grande rigueur, dans le respect de la déontologie ». « Les experts qui le composent, bénévolement, sont les meilleurs, explique-t-elle au « Quotidien ». Tout membre ayant des liens éventuels avec un candidat à une bourse ne participe pas à son évaluation. Et, contrairement à ce qu'avance la Cour des comptes, les boursiers sont suivis par le patron qui les accueille et par le comité scientifique, qui reste en contact avec les organismes publics et les laboratoires privés, œuvrant dans le champ des maladies neurodégénératives, qui leur ouvrent les portes. La mainmise des médecins sur le conseil ? La majorité des candidats appartiennent aux sciences fondamentales, et tout est entrepris pour intéresser les cliniciens. Reste le reproche fait au comité de ne pas définir de thèmes. Or le candidat doit avoir un projet sur la maladie d'Alzheimer quel qu'en soit le thème, justement pour favoriser la multidisciplinarité et les recherches autres que fondamentales. De toute façon, ce n'est pas une volée de bois vert qu'envoie la Cour des comptes. D'ailleurs, le comité scientifique ne peut pas fonctionner autrement qu'il le fait. »
« Nous avons été cassés injustement par la presse, en des termes assassins. Je suis scandalisée », s'emporte Arlette Meyrieux, professeur de mathématiques à la retraite qui se met au rang des bénévoles, aux côtés des malades et de leurs familles 7 jours sur 7. « Bien sûr qu'il y a quelques difficultés, admet-elle, mais c'est loin d'être grave, et la Cour des comptes ne reprendra pas, dans son document final, certains termes utilisés dans le prérapport. Nous commençons à faire un travail rentable et nous restons un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics », conclut Arlette Meyrieux. Elle rappelle que c'est grâce à son association que la maladie d'Alzheimer a été classée, l'année dernière, « affection longue durée ».
Avant d'être passée au peigne fin de la 5e chambre de la juridiction financière de la Cour des comptes, spécialisée dans l'audit des organismes faisant appel à la générosité publique, France Alzheimer a « traversé une période de turbulences », au début des années 2000. Une ancienne dirigeante avait déposé une plainte dénonçant des « anomalies financières », classée sans suite en mars 2003.
La France compte 855 000 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et 220 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
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