Quelle mouche a donc piqué le président de l’Ordre des médecins ? En annonçant mardi des propositions visant à réguler les installations des jeunes et les dépassements d’honoraires, il lance un méga pavé dans la marre sur deux sujets qui fâchent. Voilà une initiative qui ne va pas plaire à tout le monde. A commencer par les futurs généralistes, qui entendent visser leur plaque s’ils ont envie et où bon leur semble. Furibardes, les associations d’étudiants, d’internes, de remplaçants et de jeunes médecins n’ont pas tardé d’ailleurs à afficher leur « consternation ». Du côté des seniors, on n’appréciera pas non plus de voir l’Ordre piétiner allégrement les plates-bandes syndicales. Ce dernier protestera sans doute que démographie médicale et « tact et mesure » font naturellement partie intégrante du périmètre ordinal. Mais qui aura la naïveté de le croire si désintéressé ?
Michel Legmann prend en effet un malin plaisir à intervenir là où les syndicats s’investissent. Et c’est un récidiviste : il y a deux mois ses critiques sur le dispositif de paiement à la performance avaient déjà ulcéré les signataires de la convention… En fin politique, il a, cette fois, attendu patiemment la défaite de son ami (il fut l’adjoint de Sarkozy à la mairie de Neuilly) pour intervenir sur deux patates chaudes, qui, qu’on le veuille ou non, exigent des réponses rapides et efficaces, de la part de la profession… et à défaut du nouveau gouvernement ! Opportun, subtil et habile de la part de l’Ordre, notamment quand on sait le contentieux qui l’oppose depuis quelques mois à la Sécu concernant les dépassements d’honoraires abusifs…
Sur l’accès aux soins, Michel Legmann entend tout simplement se poser en leader de la profession. Au risque de se contredire parfois. On se souvient il y a quelques mois de ses critiques sur telle proposition de loi sur les déserts médicaux jugée par lui contre-productive, et dont il reprend sans vergogne quelques idées… Dans la foulée, il réclame un rendez avenue de Ségur. Sera-t-il reçu par Marisol Touraine ? Probable. Et entendu sur l’essentiel ? Pas sûr. En proposant de fixer les jeunes médecins en zone blanche pendant cinq ans, l’Ordre va beaucoup plus loin que François Hollande pendant la campagne. À l’inverse, il parait bien timide en suggérant une plage de 30 % d’activité à tarif opposable en secteur 2. Car le gouvernement a clairement fixé un tout autre cap, souhaitant définir des plafonds de dépassements maximums, par région et par spécialité.
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