Une chose est claire : avec le vieillissement de la population, le nombre de fractures du col du fémur devrait aller en augmentant. Dans ces conditions, il est important de connaître la tendance de la mortalité liée à cette fracture, ces dernières années. C'est dire l'intérêt du travail conduit par Stephen Roberts et Michael Goldacre (Oxford, Royaume-Uni), publié dans le « British Medical Journal ».
Ce travail a porté sur 32 590 personnes de 65 ans et plus qui ont été admises aux urgences hospitalières pour une fracture du col du fémur entre 1968 et 1998. Parmi eux, 81,9 % étaient des femmes ; la moyenne d'âge était de 81,5 ans.
Cela dit, la distribution de l'âge des patients admis a significativement (p < 0,001) augmenté au fil des années ; par exemple, entre 1968 et 1973, 31,6 % avaient 85 ans ou plus ; en 1994-1998, ils étaient 41 %.
L'enseignement principal de cette étude est que, tant pour les hommes que pour les femmes, si le taux de mortalité a diminué pendant la première partie de la période d'étude, en revanche, depuis le début des années 1980, il y a stagnation.
Prévenir l'ostéoporose et les chutes
Par rapport à la population générale, la mortalité dans le premier mois après fracture est 16 fois plus élevée chez les femmes et 12 fois plus chez les hommes.
Le taux de mortalité s'accroît, bien sûr, avec l'âge : par exemple, dans la période 1984-1998, la mortalité à trente jours est de 4 % chez les 64-69 ans et de 31 % chez les 90 ans et plus.
La mortalité est plus élevée chez les hommes, alors que cette fracture est plus fréquente chez la femme (c'est l'inverse de ce que l'on observe dans les maladies coronariennes et l'AVC, affections qui sont moins fréquentes, mais davantage mortelles chez la femme).
L'étude montre encore que la mortalité de la fracture du col du fémur est plus fréquente quand le statut socio-économique est bas.
Les auteurs soulignent les points forts de leur étude : vaste échantillon (plus de 32 000 patients) et grande période d'étude. Ils reconnaissent une faiblesse : on ne sait pas comment ces patients ont été soignés et on ne connaît pas le statut fonctionnel des patients qui ont survécu.
« Le taux de mortalité après fracture du col du fémur a chuté de façon significative depuis la fin des années 1960 jusqu'au début des années 1980, mais n'a pas continué à baisser ces vingt dernières années, soulignent les auteurs. Il n'est pas clair si la mortalité après fracture du col a baissé jusqu'à un minimum irréductible ou si elle peut encore baisser. »
« L'absence de baisse récente de la mortalité, associée au fait que la mortalité après fracture du col est si élevée, souligne l'importance de programmes de prévention de l'ostéoporose et des chutes chez les personnes âgées », concluent les auteurs.
« BMJ » du 4 octobre 2003, pp. 771-774.
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