Avec une participation qui se situerait dans une fourchette comprise entre 80 et 90 % de grévistes dans les personnels hospitaliers (« le Quotidien » du 29 avril), selon les estimations syndicales, la journée d'action du mardi 13 mai aura eu pour beaucoup un petit air de décembre 95.
A la direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins (DHOS) du ministère de la Santé, on précise toutefois qu'il n'y a eu « aucun problème d'accueil et de prise en charge des patients grâce aux assignations de personnels » (qui permettent à un hôpital de fonctionner avec un tableau de service correspondant à celui d'un week-end normal). Mardi, la DHOS n'était pas en mesure de confirmer ou d'infirmer les chiffres syndicaux de participation... faute de personnel présent pour faire remonter les informations !
Le Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH) avait appelé à la grève dès le 6 mai, réclamant « le maintien du calcul de la pension sur les six derniers mois de traitement, l'intégration exhaustive des primes dans la base de calcul et la suppression des abattements pour les droits incomplets ».
De son côté, l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), sans appeler à la grève, s'est associé au mouvement et a exprimé ses craintes sur la mise à mal du service public, les dangers du recours systématique aux mutuelles, les risques d'une décentralisation et le reconditionnement du système de retraites. Pour l'INPH, « le mouvement (était) important, en région parisienne comme en province, avec des gens en arrêt de travail qui n'ont pas l'habitude de faire grève ». Enfin, du côté de la Coordination médicale hospitalière (CMH), on estime carrément que la journée a été « historique ». Pour la CMH, on est arrivé à des taux d'assignation dans les hôpitaux proches de 90 % pour les personnels hospitaliers, « du jamais-vu », et le président de la Coordination, François Aubart, n'hésite pas à affirmer qu' « un mouvement de cette ampleur traduit une exaspération considérable du monde hospitalier ».
Reste que tous les syndicats de médecins et de personnels hospitaliers réclament l'ouverture sans tarder de négociations. Seront-ils entendus par François Fillon, qui a affirmé mardi que le gouvernement présenterait avant l'été sa réforme des régimes de retraites, ajoutant au passage que cette réforme permettrait aux fonctionnaires de maintenir intégralement le niveau de leur retraite d'aujourd'hui ? Pour les syndicats hospitaliers, il est en tout cas trop tôt pour dire si le mouvement de mardi sera ou non suivi d'autres actions, mais tous laissent planer le doute au cas où de « réelles négociations ne commenceraient pas dans les tout prochains jours ».
Le coup de gueule des médecins du travail
« La santé des travailleurs n'est pas au rendez-vous de la réforme des retraites, elle en est exclue », s'indigne dans un communiqué le Syndicat national professionnel des médecins du travail (SNPMT), pour qui « la réduction de l'espérance de vie en fonction de la catégorie socio-professionnelle reste la plus grande des inégalités ».
« L'exercice des travaux pénibles et l'exposition à des toxiques doivent être pris en compte », selon le SNPMT qui avance comme autres facteurs de risque pour la santé physique ou mentale des salariés « la non-reconnaissance, le stress, les nouvelles organisations du travail ».
Le SNPMT revendique un millier de médecins adhérents sur un corps de 6 000 médecins du travail. Les autres syndicats de médecins du travail sont affiliés aux grandes confédérations syndicales.
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