Fort impact de la CMU complémentaire sur les soins de spécialistes

Publié le 01/12/2003
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Les bénéficiaires de la couverture médicale universelle CMU qui choisissent et qui peuvent avoir une couverture complémentaire dans le cadre de ce dispositif (à condition, pour une personne seule, d'avoir un revenu mensuel qui ne dépasse 566,50 euros) ont aujourd'hui davantage recours aux soins qu'auparavant, même lorsqu'ils bénéficiaient de l'aide médicale gratuite (AMG).

C'est ce qui ressort de la dernière enquête du CREDES (1), qui traite de l'impact de la couverture médicale universelle complémentaire sur la consommation de soins.
Cette étude porte sur l'an 2000 (à noter qu'au 31 décembre 2002 4,5 millions de personnes bénéficient d'une CMU complémentaire, soit 7,5 % de la population française) ; elle précise que l'on n'a pas véritablement noté une croissance forte de la dépense moyenne des bénéficiaires de ce dispositif. En revanche, il apparaît clairement que la CMUC a un impact sur deux types de consommation : les médicaments et les soins de spécialistes.
La hausse concernant les médicaments n'a rien d'étonnant dans la mesure où cette population recourait moins aux soins avant l'instauration de la CMU et de la CMU complémentaire et dépensait moins en médicaments remboursées. La tendance s'est inversée puisque les consultations médicales sont plus fréquentes chez ces personnes défavorisées, et les prescriptions, plus nombreuses. Ce qu'explique dans son langage le CREDES, lorsqu'il note que, « pour la pharmacie, une hausse plus forte par personne (...) s'explique à la fois par une augmentation du recours (aux soins) , et par une augmentation de la dépense par consommant ».
En effet, mais l'étude ne le précise pas, l'état de santé de ces personne défavorisées qui, pendant longtemps, n'ont pas consulté, était souvent détérioré, et les prescriptions médicales sont nombreuses et concernent des médicaments parfois onéreux.
S'agissant des soins des spécialistes, l'analyse est plus complexe. Le CREDES note que la stagnation de la dépense par personne, pour ce type de soins, « masque à la fois une hausse beaucoup plus forte du recours à ces praticiens et une diminution de la progression de la dépense par consommant ». Il est clair que l'institution de la couverture complémentaire de la CMU s'est traduite par le transfert vers le spécialiste d'un certain nombre de consultations assurées jusqu'alors par le généraliste, étant donné que, pour le patient, la dépense est nulle.
Cependant, note encore le CREDES, si la progression des consommations de ces patients ayant fait la demande de la CMU complémentaire est plus forte, « on n'assiste pas un emballement de ces dépenses ».
Enfin, l'impact de la CMU sur le recours aux soins est plus marqué dans les régions à faible densité médicale.

J. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7437