Quelle cause sous-jacente est à l'origine de la mort du milieu de terrain du Cameroun, Marc-Vivien Foé, victime d'un malaise jeudi dernier à la 72e minute de la demi-finale de la Coupe des confédérations de football Cameroun-Colombie, et décédé, 45 minutes plus tard, dans le centre médical du stade Gerlan de Lyon, sans avoir repris connaissance ?
L'autopsie effectuée le lendemain n'a révélé « aucun élément déterminant sur l'origine de la mort » ; ce sont donc les résultats des examens anatomopathologiques et toxicologiques complémentaires qui pourraient fournir, aujourd'hui ou demain, selon le parquet chargé de l'enquête, une explication.
Le médecin de la sélection africaine, le Dr Olivier Assambra, a précisé que le joueur avait consulté quatre jours avant le match pour une gastro-entérite, pour laquelle il avait été traité. Mais, selon le praticien, « aucun problème infectieux » n'avait été mis en évidence par les tests sanguins, la diarrhée avait été guérie et Marc-Vivien Foé avait été réhydraté dans les règles.
Médecin de l'Olympique lyonnais, d'où était issu l'avant-centre, le Dr Jean-Noël Ferret émet, pour sa part, l'hypothèse d' « un coma de type neurologique » et exclut un accident d'origine cardiaque.
Médecin de la Ligue de football, le Pr Pierre Rochcongar souligne que « si les examens cardiologiques subis une ou deux fois par an par les professionnels sont très approfondis, avec notamment des échocardiographies d'effort, on ne pourra jamais éviter une anomalie intercurrente ».
Evidemment, une mort aussi subite alimente les arrière-pensées sur la prise de substances interdites. Des spéculations que le Dr Assamba qualifie d' « irrespectueuses ». Il estime que « le dopage n'a rien à voir » avec l'accident survenu sur le terrain lyonnais.
Le médecin camerounais réfute également l'hypothèse d'une défaillance provoquée par un calendrier pléthorique : « C'est vrai, admet-il, le fait de jouer toutes les quarante-huit heures pour un footballeur en fin de saison est assez infernal », mais il ne voit aucun « lien de cause à effet entre le rythme des matches et la mort de Foé. »
La polémique va cependant bon train au sujet de l'intervention des secours médicaux. Des anesthésistes-réanimateurs, telle le Dr Isabelle Quéval (Arras), expriment leur « étonnement » devant le fait qu' « un massage cardiaque n'ait pas été entrepris sur le terrain, comme on l'aurait pratiqué pour un malaise survenu sur la voie publique » ; en fait, le film de l'accident montre que Foé a été porté du milieu du terrain sur la touche deux minutes après s'être effondré, les yeux révulsés, les mâchoires serrées, inanimé. Trois minutes quinze secondes plus tard, il était transporté dans la salle de soins du stade. « C'est alors que son cœur s'est arrêté de battre, précise au "Quotidien" le Dr Jacques Liénard, médecin fédéral (Fédération française de football) et l'un des responsables du comité médical de la compétition. Il a donc été placé immédiatement en réanimation dans le bloc médical, qui bénéficie des systèmes d'équipement les plus sophistiqués selon les stipulations du cahier des charges de la Coupe du monde 1998. Ses chances n'ont été à aucun moment compromises, puisque, tant qu'il est demeuré sur le terrain, il présentait un aspect hypotonique, évident sur les images télévisées, mais il avait une tension maxima à 12, la minima n'étant pas mesurable en raison du bruit ambiant, et sa ventilation restait normale. Dans ces conditions, l'équipe urgentiste qui est intervenue a observé une méthodologie inattaquable. »
Un défibrillateur
La FIFA (Fédération internationale de football) s'est réunie et devrait cependant décider la révision des dispositions urgentistes appliquées lors des matches joués en France : à la place des quatre brancardiers qui sont envoyés sur le terrain, deux seulement devraient être dépêchés auprès du joueur victime d'un malaise. Ils seront accompagnés désormais d'un médecin muni d'un défibrillateur. Une disposition qui pourrait être salutaire dans certains cas, mais qui n'aurait pas, quoi qu'il en soit, modifié l'issue pour le lion camerounais Marc-Vivien Foé.
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