IL FAUT REMONTER au premier enregistrement de studio de Herbert von Karajan à Vienne en 1950 (EMI, CD) pour trouver dans « les Noces de Figaro », de Mozart, une telle théâtralité, une telle vitalité, une telle folie, que dans l'enregistrement que vient de publier Harmonia Mundi dirigé par René Jacobs (1).
On a pu voir ce trépidant spectacle au Théâtre des Champs-Elysées en 2001, et il fut couronné par le grand prix du syndicat de la critique. Il y retournera avec une distribution renouvelée à la fin de la saison courante (2).
Réalisé à Cologne l'an dernier, l'enregistrement est une grande réussite. Jacobs insuffle à l'effectif d'instruments d'époque qu'est le Concerto Köln une force de persuasion et une poésie qui ne se relâchent à aucun moment des quatre actes de l'opéra. Les qualités individuelles des musiciens y sont pour beaucoup, tout comme l'inventivité, la musicalité du claveciniste Nicolau de Figueiredo qui tient le plus génial des discours dans son continuo sur un pianoforte autant dans les récitatifs que dans le cours de l'opéra.
Les interprètes sont tous excellents, les hommes peut-être plus avec le Figaro de Lorenzo Regazzo et le Comte de Simon Keenlyside. Patricia Ciofi domine en Susanna la distribution féminine.
Dans un passionnant texte du livret, « Mozart, un compositeur subversif », René Jacobs justifie l'usage de l'ornementation dans les airs. Que l'on nous permette de n'être pas convaincu, ni par le procédé, ni par le fait que les chanteurs dont il dispose ici en soient capables. Ce sera notre seule réserve à cet enregistrement, dont les choix instrumentaux, les tempi choisis, l'extrême théâtralité et l'art du récitatif autant dans les airs que dans les ensembles forcent l'admiration à chaque seconde.
(1) 3 CD DDD. Enregistrement : 2003 (Köln). Durée : 2 h 52.
(2) Théâtre des Champs-Elysées (01.49.52.50.50), les 15, 17, 19, 21, 23 et 25 juin à 19 h 30. Prix des places : de 30 à 115 euros.
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