Nouvelle étape dans la carrière de Jean-Claude Mallet et sans nul doute la plus importante : la succession de Marc Blondel à la tête de Force ouvrière. Une succession dont le dernier acte se jouera seulement en février 2004, lors du prochain congrès de FO, au cours duquel Marc Blondel tirera sa révérence.
L'ambition de Jean-Claude Mallet n'est pas démesurée. Sa carrière, syndicale, plaide en effet pour une telle candidature : ancien président de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) au nom de FO de 1991 à 1996, secrétaire confédéral chargé de la protection sociale, membre du bureau confédéral, proche d'André Bergeron, l'une des figures les plus charismatiques - pour ne pas dire historiques - de FO, Jean-Claude Mallet peut sans problème faire valoir ses états de service syndicaux pour postuler au poste de secrétaire général. Reste que, selon bien des observateurs et spécialistes du monde syndical, il n'est pas le favori de Marc Blondel qui, malgré l'estime qu'il lui porte, préférerait que l'un de ses proches, Jean-Claude Mailly, également secrétaire confédéral, soit désigné en février pour occuper son fauteuil. En faisant dès aujourd'hui acte de candidature, Jean-Claude Mallet coupe l'herbe sous le pied de l'actuel secrétaire général. D'autant que Marc Blondel a depuis longtemps souhaité qu'il n'y ait qu'un seul candidat. Histoire d'éviter l'imbroglio qui avait présidé à sa propre élection en 1989, lors de la succession d'André Bergeron.
Le pourfendeur du plan Juppé
Jean-Claude Mallet a montré encore une fois son sens politique. Car ce Lavallois de bientôt 56 ans, très proche de sa région, a souvent fait preuve d'habileté, dans les fonctions, parfois délicates, qui furent les siennes.
Les médecins libéraux le savent mieux que personne, qui l'ont longtemps fréquenté à la Caisse nationale d'assurance-maladie où il a occupé, de 1991 à 1996, la présidence du conseil d'administration. Pris parfois entre les intérêts ou les positions contradictoires des différents syndicats médicaux, notamment à l'époque entre la CSMF du Dr Maffioli et MG-France du Dr Bouton, il a su jouer avec ces deux partenaires pour aboutir à des compromis et à des signatures.
Mais c'est évidemment avec la Confédération des syndicats médicaux français qu'il s'est le mieux entendu pour mettre en place cette fameuse maîtrise médicalisée des dépenses de santé et le système de références médicales qui, en 1993, avait remporté un grand succès et dont beaucoup de responsables syndicaux ont encore la nostalgie. 1993, la seule année, ont l'habitude de rappeler les syndicalistes de l'époque, où les objectifs de maîtrise ont été tenus.
Ce que ne manquait pas de rappeler aussi Jean-Claude Mallet à l'heure de son départ de la présidence de la CNAM, lorsqu'il affirmait au « Quotidien », le 27 juin 1996, que, si on avait persisté, on aurait rapidement vu les bienfaits d'une telle politique.
Mais Jean-Claude Mallet, et c'est ce qui lui aura valu en grande partie de perdre son poste de président de la CNAM, c'est aussi l'homme qui a combattu avec vigueur et énergie le plan Juppé, bien qu'il fût soutenu par la majorité des syndicats médicaux, sauf MG-France.
Or il est plus que probable que cette collusion FO-médecins (sans oublier cependant la CGT), avec Jean-Claude Mallet en fer de lance, aura été pour beaucoup dans l'échec de cette réforme. Ce que la majorité politique actuelle et le chef de l'UMP n'ont pas oublié.
Descendu de son piédestal de président de la CNAM, Jean-Claude Mallet n'en continue pas moins à siéger au conseil d'administration de la Caisse. Son lourd échec lors de la nouvelle élection du président de la CNAM en 2001 (il a seulement obtenu les trois voix de son camp, contre onze à Jean-Marie Spaeth, réélu sans problème) l'aura sans doute marqué ; la plaie aura été lente à cicatriser.
D'autant que Jean-Claude Mallet n'avait pas ménagé ses efforts pour tenter, avec d'autres syndicats de salariés et les syndicats médicaux, de bâtir une réforme dans le cadre de ce que l'on avait alors appelé, avec quelque emphase, le « G7 ». Un texte ambitieux mais qui n'a jamais reçu le moindre début d'application.
Aujourd'hui, Jean-Claude Mallet tourne la page. Tout en sachant qu'il n'en a pas fini avec la protection sociale et les médecins : le secrétaire général de FO est toujours en prise avec ces problèmes. Dès lors, sa forte connaissance des dossiers peut être un atout pour obtenir le poste qu'il revendique. Nul doute qu'il saura en jouer.
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