LES TERGIVERSATIONS du gouvernement et les dernières déclarations de la ministre de la Santé, notamment lors d'Hôpital-Expo, sur la FMC, ont braqué le corps médical. C'est en tout cas l'une des conclusions qui ressort du sondage réalisé par l'IFOP auprès de 401 médecins libéraux (spécialistes et généralistes) et publié aujourd'hui par « le Quotidien » (voir fiche technique).
Il est significatif que le caractère obligatoire de la FMC soit contesté par une majorité, certes légère mais bien réelle, des praticiens. Une tendance nouvelle, semble-t-il.
Il est vrai que l'obligation de la FMC avait été décidée par les ordonnances Juppé de 1996 et que, depuis lors, on n'a pas beaucoup avancé. De projet en plan, de programme en plate-forme, on n'a guère progressé, et douze ans plus tard les médecins et leurs associations attendent toujours que soit mise en place une véritable FMC avec des actions validées.
D'où sans aucun doute cette réticence des médecins libéraux à accepter le caractère obligatoire de la FMC. Cinquante-deux pour cent d'entre eux la rejettent et 47 % l'acceptent mais on notera avec intérêt que ce sont surtout les généralistes qui la rejettent (54 % contre l'obligation) alors qu'une légère majorité de spécialistes seraient prêts à accepter. En regardant dans le détail le résultat à cette question, on notera cependant que ce sont les médecins les plus jeunes, ceux qui ont moins de 45 ans, qui sont les plus favorables à cette obligation de la FMC.
La FMC plutôt que l'EPP.
Une formation continue qui paraît en tout état de cause le meilleur système aux yeux des médecins pour améliorer leurs connaissances et leurs pratiques. Plus des trois quart d'entre eux (76 % exactement, contre 12 % seulement) estiment ainsi qu'elle est largement plus importante que le système d'évaluation des pratiques professionnelles (EPP), que le gouvernement aimerait privilégier, si l'on en croit les dernières déclarations de la ministre de la Santé. Un résultat d'autant plus intéressant qu'il apparaît clairement que ce sont les jeunes médecins, toujours ceux de moins de 45 ans, qui plébiscitent la FMC contre l'EPP.
La validation des actions fait débat depuis un certain temps On sait que l'existence même des conseils nationaux de FMC est menacée et que le gouvernement réfléchit à des dispositions alternatives qui pourraient notamment consister à renforcer le rôle de la Haute Autorité de santé. De plus, une nouvelle mission de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), qui doit rendre son rapport dans les prochaines semaines, est chargée de réfléchir à de nouvelles dispositions pour l'organisation de la FMC.
Mais, pour le médecins, l'affaire est entendue : c'est bien la profession qui doit continuer à valider les actions de FMC. Ainsi 40 % des médecins libéraux qui ont répondu à ce sondage affirment que ce rôle de validation des actions de FMC doit revenir aux conseils nationaux (CNFMC), tandis que 25 % semblent préférer que ce soit l'Ordre. En tout, c'est donc près de deux tiers des médecins qui veulent que ce soit la profession elle-même qui prenne en main l'organisation de la FMC et notamment le système de validation. Des réponses qui devraient réjouir les responsables des conseils nationaux, et notamment le président du CNFMC des libéraux, le Dr Bernard Ortolan, qui milite fortement pour cette solution. Une récente enquête menée par cet organisme (voir « le Quotidien » du 29 mai) montrait que 67 % des praticiens étaient favorables à une validation par la profession et notamment par les conseils nationaux.
Le sondage confirme cette volonté des médecins libéraux mais on constatera malgré tout que la Haute Autorité de santé garde ses partisans, puisque 22 % des médecins interrogés par l'IFOP sont favorables pour que ce soit cette instance qui valide les actions de FMC qu'ils suivent.
Enfin, surprise sans doute, s'agissant du financement de la FMC. On constatera ainsi que les médecins souhaitent un financement « socialisé (par l'assurance-maladie et l'État), mais qu'ils sont également 27 % à affirmer qu'ils sont prêts à mettre la main à la poche pour financer leur formation continue. Ce n'est sans doute pas le résultat le moins étonnant, ni le moins intéressant.
Fiche technique
Sondage réalisé par l'IFOP pour « le Quotidien du Médecin » auprès d'un échantillon de 401 médecins, représentatif des médecins libéraux.
Ont été interrogés 254 médecins généralistes et 147 médecins spécialistes. La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, spécialité) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont eu lieu par téléphone, du 9 au 12 juin 2008, sur le lieu de travail des personnes interrogées.
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