L'IMPACT ATTENDU du sport sur l'hypertension artérielle implique des mécanismes physiologiques qui ne sont pas totalement élucidés. On sait néanmoins que, quelle que soit la voie physiologique, le travail en endurance-effort d'intensité modéré et de durée prolongée entraîne, in fine, une relaxation artérielle et un abaissement des résistances périphériques, allant de pair avec une réduction modérée de la pression artérielle (PA). Sur le plan cardiaque, les bénéfices sont liés à une diminution de la fréquence cardiaque et à une meilleure contractilité. Il a également été montré que l'entraînement en endurance a une action à la fois sur les concentrations sanguines de catécholamines (adrénaline et noradrénaline), qu'il diminue, et sur les récepteurs de la sensibilité à ces dernières. En revanche, tout travail en résistance ou en anaérobie entraîne une augmentation de la PA, caractérisée par un pic systolique mais aussi, en parallèle, par une augmentation de la pression artérielle diastolique. L'exemple le plus caricatural est celui du « hand grip », responsable d'une augmentation aiguë de la PA, classiquement pour 50 % de la force musculaire maximale. On peut ainsi observer des effets flashes, avec des poussées tensionnelles extrêmement fortes.
La prescription.
L'hypertension artérielle contrôlée n'est pas une contre-indication, mais au contraire une indication du sport, dont la prescription obéit aux mêmes règles que celles de la prescription médicamenteuse. A l'instar des traitements pharmacologiques, son arrêt se traduit par une perte des bénéfices et par un retour à l'état initial. La « posologie » la plus classique du sport est régie par la règle des 3 :
- trois temps dans la séance : l'échauffement, l'activité en endurance et la récupération active. Sur une séance de quarante minutes, la phase d'endurance devrait schématiquement durer trente minutes ;
- trois fois par semaine ;
- trois mois : délai à partir duquel le bénéfice commence à être effectif.
Si les nouvelles recommandations européennes et, prochainement, françaises rappellent que la prise en charge de l'hypertendu doit commencer par l'activité physique et les mesures concernant le poids, voire l'alcool, on sait que l'activité physique aura un impact uniquement dans les HTA modérées. Certaines études ont toutefois montré que l'association du sport aux médicaments antihypertenseurs classiques permet soit d'obtenir une meilleure efficacité du traitement, soit d'utiliser des doses un peu moindres.
La marche active.
La marche est un excellent sport en endurance, sous réserve que l'effort fourni soit suffisant, prolongé et sans pause (par exemple, dans un parc). Durant cette marche dite active, le point de repère fondamental reste l'aisance respiratoire, le sujet devant être juste à la limite de l'essoufflement. La possibilité d'avoir une conversation fluide ou, au contraire, la présence d'un essoufflement important indique que l'effort n'est pas adapté. En pratique, l'utilisation d'un cardiofréquencemètre est inutile.
La marche active est le sport idéal pour l'hypertendu sédentaire (ancien sportif ou non). Les autres sports traditionnels recommandés sont la course à pied, le vélo, la natation et le ski de fond. Les sports d'endurance ont l'intérêt de pouvoir être pratiqués à son rythme ou en groupe, en sachant que, dans l'idéal, le sport santé ne doit pas comporter d'impératifs vis-à-vis d'un compétiteur ou d'un chronomètre.
Le problème est différent quand l'HTA est découverte chez un sujet déjà sportif. Dans ce cas, l'évaluation du programme d'entraînement constitue la première étape de sa prise en charge, avant même la prescription d'un traitement. Si l'activité physique comporte davantage d'efforts en résistance qu'en endurance (par exemple, musculation isolée), une réorganisation s'impose de façon à obtenir un équilibre entre cardiotraining et musculation. Parfois, l'adaptation de l'entraînement suffit pour normaliser les chiffres de pression artérielle. En cas de programme bien conduit, une majoration de la partie endurance est souhaitable, avec un travail en foncier et moins de travail en fractionné.
Sur le plan du traitement médicamenteux, certains antihypertenseurs sont plus compatibles que d'autres avec la pratique du sport. Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion, les inhibiteurs calciques et les sartans, qui préservent la VO2max et les seuils, ne sont pas contre-indiqués. En revanche, l'opportunité d'un traitement par bêtabloquants se discute au cas par cas. Certains limitent la montée fréquentielle, mais la sensibilité individuelle est telle qu'il est difficile de prédire l'induction d'un blocage chronotrope. Il faut aussi savoir que les médicaments de cette classe ainsi que les diurétiques figurent sur la liste des produits dopants ; les premiers, parce qu'ils diminuent la fréquence cardiaque et le stress (effets intéressants essentiellement dans les sports de précision) et les seconds, en raison de leur pouvoir masquant (fausse les contrôles antidopage).
Enfin, la notion de justification thérapeutique a posteriori est en train de changer. Alors qu'elle n'était plus utilisable pour les sportifs de haut niveau, il semble que l'on s'oriente vers une certaine tolérance. « Un pas en arrière dans la lutte contre le dopage », déplore le Dr Ducardonnet.
D'après un entretien avec le Dr Alain Ducardonnet, institut Cœur Effort Santé, Paris.
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