Parce qu'elle est la plus vaste et la plus prolongée, l'étude présentée aujourd'hui à Madrid sur l'avenir des enfants conçus par fécondation in vitro (FIV) ou par injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) est rassurante. Le Pr Christina Bergh (Göteborg, Suède) rapporte, au congrès annuel de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie, l'analyse des cinq années de suivi de 541 enfants issus d'ICSI, de 440 de FIV et de 542 témoins conçus naturellement.
Les participants ont été enrôlés en Belgique, au Danemark, en Grèce, en Suède et au Royaume-Uni. L'étude a porté sur les événements obstétricaux et néonatals ainsi que sur le développement physique, cognitif, psychologique, affectif et social des enfants. Les relations à l'intérieur de la cellule familiale n'ont pas été négligées.
Il ressort du travail européen qu'à l'âge de 5 ans les enfants ne présentent pas de différence staturo-pondérale significative. Leur parcours médical est similaire, avec comme différence davantage d'hospitalisations chez les enfants nés d'une ICSI ou d'une FIV. Mais les chiffres demeurent très bas, puisque les admissions sont de l'ordre de 1 % dans les trois groupes.
Les filles dépassent les garçons
En ce qui concerne le développement intellectuel, les tests verbaux ou de quotient intellectuel sont également comparables, à ceci près que les filles dépassent les garçons. Le développement moteur global ou fin n'est pas altéré. Ces enfants ne présentent pas plus de troubles du comportement ou de difficultés psychiques.
Les auteurs relèvent toutefois un taux de malformations plus élevé dans le groupe né d'une ICSI. Ils ne se l'expliquent pas et évoquent la possibilité d'un biais de sélection parmi les témoins.
En ce qui concerne les parents, leur niveau de stress est le même dans les trois groupes. Les mamans ayant subi une ICSI semblent plus impliquées dans leur rôle de mère que celles passées par la FIV. Il en va de même pour les pères, plus proches de leur enfant après ICSI que dans le groupe témoin.
Les médecins n'ont relevé aucune altération liée au mode de conception dans les relations des parents entre eux ou avec leur enfant. Il n'existe pas de sur-risque de retentissement socio-affectif négatif, que ce soit sur les parents ou les enfants.
Les résultats rassurants de ce travail de grande envergure lèvent les derniers doutes qui avaient été exprimés sur la santé et le bien-être de ces enfants. D'ailleurs, des résultats semblables avaient été publiés l'an passé par une équipe australienne (Garth Leslie et coll.), mais les effectifs et la durée étaient inférieurs.
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