Financement de la protection sociale, le débat rebondit

Publié le 11/05/2017
visuel Contrepoints

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« L'assurance maladie universelle est l'homme malade du système de santé. » C'est une réponse de Thierry Beaudet, le président de la Mutualité française à Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris, présent également au débat Les contrepoints de la santé, organisé à Paris le 10 mai dernier.

Les deux intervenants se sont renvoyé la balle. Le président des mutuelles juge irréaliste l'idée de Didier Tabuteau évoquée dans une tribune du journal Le Monde en janvier dernier, de créer une assurance maladie universelle. Thierry Beaudet rejette une fois de plus ce projet qui consisterait à « faire absorber par l'assurance maladie obligatoire (AMO) les 42 milliards du reste à charge malgré un déficit de 4,8 milliards par an et une dette sociale de 136 milliards ». Et d'enfoncer le clou sur le rôle de l'Etat selon lui en situation de monopole, notamment dans la négociation des conventions auprès des professionnels de santé. Les pouvoirs publics sont d'ailleurs responsables du désengagement de plus en plus prégnant de l'assurance maladie au profit des complémentaires.

Sur ce dernier point, Didier Tabuteau partage le point de vue du président de la Mutualité. Toutefois, il dénonce les répercussions négatives sur les patients comme l'accroissement des inégalités de santé. « Le financement par les assurances complémentaires est par nature plus inégalitaire que celui de la Sécu. Il se fait au détriment des chômeurs, familles et personnes âgées). » Et surtout il met en avant le surcoût de frais de gestion de la protection complémentaire évalué selon lui à 7 milliards d'euros.

Pour Thierry Beaudet, la question ne doit pas être posée seulement sur le remboursement. Il faut agir également sur les prix. Sur les 4,4 milliards de reste à charge, le nouveau gouvernement devra redéfinir le panier du reste à charge zéro, soit par exemple en baissant les prix (notamment des lunettes) de 15 %, en augmentant de 15 % la prise en charge par l'AMO et de 15 % le remboursement par les complémentaires. Et de préciser que cela ne pourra se faire sans une augmentation des cotisations des complémentaires.


Source : lequotidiendumedecin.fr