Reprenant des thèmes et des figures qui insistent dans son uvre et en particulier celle du père terrible (policier, phalangiste, inquisiteur), Michel del Castillo signe avec « le Jour du destin » une pièce de facture classique qui évoque certaines uvres d'Albert Camus par le goût élevé de l'analyse de l'homme dans ses rapports avec le pouvoir, dans la sincérité plus ou moins claire de ses engagements. Il est de plus mauvais modèles.
Soit les locaux du commissariat politique à Barcelone en 1950. Pared (Michel Aumont) fait coffrer Puig (Christophe Malavoy), professeur en exil à Toulouse et militant anarchiste. Les adjoints de Puig, le débonnaire et fataliste Martino (Christian Bouillette) et le nerveux à muscles Alonso (Laurent Laffite) accueillent avec une ironie virile le jeune Laredo (Loïc Corbery), fasciné par Pared. Tous trois vont assister sans trop oser intervenir à la destruction de Puig par Pared.
Ce dernier, en bon fasciste, souligne Michel del Castillo, aime séduire et prétend instaurer une relation privilégiée avec Puig qui se laisse avoir, littéralement. En fait, il va le laisser croupir dans un cachot, des mois durant, sans prévenir sa hiérarchie, bien sûr. Cet homme, célibataire austère, rigide, manipulateur féroce, est un profond pervers. Michel Aumont lui donne une puissance douceureuse et menaçante, une raideur touchante et angoissante. Le jeune Laredo le trouble et la mise en scène de Gilbert Désveaux et Jean-Marie Besset souligne ce désordre des affects.
Bouillette et Laffite sont parfaits, précis. Corbery excellent, nuancé, juste, mais le face à face Aumont/Malavoy passionne. Le premier est toujours en scène, il allumé du menteur ou geste accablé du vaincu, de celui qui ourdit jusqu'à sa propre mort. Magnifique. Christophe Malavoy est lui aussi remarquable qui ne paraît que pour quelques scènes et doit indiquer les ravages du temps et de la solitude. Le beau personnage de Puig, idéaliste qui ne croit pas à la politique et sait les désastres du pouvoir, professeur spécialiste de la Perse antique et du ... manichéisme - Pared ! - est exalté par la présence subtile et le jeu délicat du comédien.
Une belle production, forte et probe, une pièce un peu tendue que l'interprétation enflamme.
Théâtre Montparnasse, à 20 h 30 du mardi au samedi, à 17 h le samedi et 15 h 30 le dimanche (01.43.22.77.74 et le Quotidien Spectacles 01.55.35.35.25). Durée : 2 h sans entracte.
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