Fièvre, éruptions cutanées, maux de tête et lymphadénopathie : lorsque ces symptômes apparaissent au cours ou au retour d'un voyage en Asie du Nord, il faut penser à un cas de typhus dû à une infection par Rickettsia sibirica. Cette bactérie est principalement transmise à l'homme par les tiques du genre Dermacentor. Mais l'absence de trace de morsure par une tique ne suffit pas à exclure la possibilité d'une telle infection.
Dans certaines régions du nord de l'Asie, jusqu'à la moitié de la population possède des anticorps dirigés contre R. sibirica. Les infections surviennent majoritairement entre les mois de mai et de septembre.
Le risque pour un étranger d'être infecté par la bactérie et de développer le typhus au cours d'un séjour professionnel ou touristique dans une région endémique est inconnu. Lewin et coll. (université de Californie, San Francisco, Fresno) ont cherché à l'évaluer en conduisant une étude prospective.
Treize paléontologues nord-américains ont participé à cette étude. Au cours des étés 2001 et 2002, ils ont tous séjourné près de trois mois dans des campements au milieu du désert de Gobi. Avant leur départ, ils ont été informés au sujet des infections par les Rickettsia. Ils ont, en outre, été invités à tenir un journal dans lequel ils devaient noter leurs éventuels symptômes et leur contacts avec des tiques. En contrôle, Lewin et coll. ont recruté 15 autres paléontologues qui participaient à des expéditions similaires en dehors du continent asiatique.
Au retour de leurs expéditions, les paléontologues ont rempli un questionnaire relatif à leur exposition aux tiques et aux symptômes ou signes évocateurs du typhus qu'ils avaient pu développer au cours de leur séjour. Par ailleurs, des anticorps spécifiques à R. sibirica (IgM et IgG) ont été recherché dans leur sérum.
Parmi les treize participants qui ont séjourné en Mongolie, quatre ont fait état d'une fièvre associée à au moins deux autres des symptômes typiques d'une infection par Rickettsia.
Traités pendant cinq et neuf semaines
Chez l'un d'entre eux, la maladie a disparu spontanément. Deux autres ont été traités pendant cinq et neuf semaines avec de la doxycycline. Chez le dernier malade, les symptômes persistants toujours quatre semaines après le retour de l'expédition, de la ciprofloxacine a dû être utilisée pour venir à bout de l'infection.
Des anticorps dirigés contre R. sibirica ont été détectés dans le sérum de ces quatre sujets. En revanche, ces anticorps étaient absents chez les neuf autres participants testés et chez les quinze sujets contrôles.
Seulement deux des quatre patients infectés avaient trouvé des tiques attachées à leur peau pendant leur séjour en Mongolie. Par conséquent, même en l'absence de toutes traces (ou souvenir) de morsure par une tique, une infection par R. sibirica devra être évoquée lorsqu'un patient revenant du nord de l'Asie présente un état fébrile et d'autre symptômes du typhus.
M.L. Lewin et coll., « The Lancet » du 11 octobre 2003, p. 1201.
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