L E fibrome utérin est une pathologie très fréquente et bénigne - une femme sur deux après 40 ans en est atteinte -, mais peut être responsable de saignements et de douleurs pelviennes. Il est admis que seuls les fibromes symptomatiques seront traités.
L'efficacité des progestatifs et des analogues de la Gn-RH est le plus souvent transitoire, et la castration chimique est mal supportée.
Chirurgie conservatrice ou radicale
Le traitement chirurgical peut être conservateur (myomectomie) si les fibromes ne sont pas trop gros, trop nombreux et si leur situation dans l'utérus est favorable. Les inconvénients principaux de cette intervention sont un taux élevé d'adhérences avoisinant 50 % et un taux de récidive de 15 à 30 %.
Le traitement chirurgical est bien souvent radical (hystérectomie par voie abdominale ou vaginale entraînant une convalescence relativement longue), puisque l'on estime que 60 000 hystérectomies sont aujourd'hui pratiquées en France, dont la moitié pour fibromes.
L'embolisation artérielle utérine a été mise au point il y a une dizaine d'années à l'hôpital Lariboisière et utilisée longtemps dans le cadre de l'urgence pour stopper les hémorragies après l'accouchement, et aussi en préopératoire pour faciliter les myomectomies. Aujourd'hui, elle est proposée comme une alternative thérapeutique, peu invasive et efficace, à la chirurgie pour traiter les fibromes. Comme l'a rapporté le Dr Jean-Pierre Pelage (hôpital Lariboisière), selon une enquête américaine récente, 10 500 patientes ont été traitées à ce jour dans dix-huit pays, et en France plus de 500 cas ont été traités.
L'embolisation est réalisée par un radiologue vasculaire interventionnel et consiste en l'injection de particules synthétiques inertes dans les deux artères utérines par un cathéter d'environ 1 mm de diamètre, qui est introduit sous simple anesthésie locale dans l'artère fémorale, puis guidé jusqu'à l'utérus. L'oblitération vasculaire obtenue permet d'asphyxier tous les fibromes, ce qui évite les risques de récidive. La revue de la littérature montre que les patientes sont améliorées dans 90 % et la réduction du volume du fibrome est de l'ordre de 60 %.
Le problème mineur est représenté par les douleurs intenses au décours de l'embolisation, pendant 24 à 36 heures ; ces douleurs sont traitées par les morphiniques (il y a des protocoles prévus avec les pompes) ; il existe parfois des douleurs sourdes durant 8 à 10 jours, traitées par des antalgiques usuels. Cela dit, l'hospitalisation est de courte durée (de 1 à 3 jours) et la convalescence rapide.
Des complications graves survenant dans un délai de 8 à 30 jours sont rares mais potentiellement dramatiques, à savoir des hystérectomies en urgence suite à une nécrose ou une infection (de 1 à 2 %) ou des aménorrhées transitoires ou définitives (5 %), plus fréquentes après 45 ans.
Les indications doivent rester prudentes
Pour le Dr Olivier Creff (hôpital Lariboisière), les indications de cette nouvelle technique dans les fibromes utérins doivent rester prudentes : l'embolisation est actuellement proposée après l'échec du traitement médical à des patientes de la quarantaine qui refusent l'hystérectomie, ne désirent plus de grossesse et peuvent bénéficier d'un suivi précoce.
Certes, le potentiel de l'embolisation artérielle est important et les indications pourront être élargies en fonction des résultats publiés montrant un effondrement des complications.
Conférence de presse organisée par le service de gynécologie et radiologie de l'hôpital Lariboisière.
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