La fibrillation ventriculaire est, en Europe, la cause de 10 % des morts subites chez les sujets jeunes sans anomalies cardiaques préalables. Son seul traitement était jusqu'ici palliatif avec l'implantation d'un défibrillateur après un arrêt cardiaque récupéré par choc électrique.
Aucun autre traitement n'avait été envisagé et le mécanisme de déclenchement des ces arythmies était inconnu.
Un travail précédent du Pr Michel Haïssaguerre et coll. (hôpital cardiologique du Haut-Lévêque, Bordeaux-Pessac) a ouvert la voie à l'étude d'aujourd'hui (« Quotidien » du 3 septembre 1998). Ce travail avait permis, grâce à des électrodes introduits par un cathéter dans les cavités cardiaques, de cartographier les foyers de déclenchement des arythmies dans les premières millisecondes précédant les fibrillations auriculaires (FA). Les mêmes structures au niveau des veines pulmonaires étaient impliquées et leur cautérisation par radiofréquence empêchait les récurrences. Aujourd'hui, 70 % des patients réfractaires au traitement médicamenteux sont traités ainsi.
L'étude publiée dans le « Lancet » est, cette fois, internationale et concerne la FV, moins fréquente mais plus grave. Six centres (Japon, Etats-Unis, Royaume-Uni, République tchèque, Allemagne, France) sont concernés, dont celui du Pr Haïssaguerre, à Bordeaux.
Seize patients de 38 ans d'âge moyen (25 à 74 ans), qui avaient déjà faits des épisodes multiples de FV (en moyenne 10), ont participé à l'étude. Quatre d'entre eux avaient un antécédent familial de mort subite. Tous portaient un défibrillateur implanté après une FV (n = 13) ou des extrasystoles multiples après arrêt cardiaque.
Aucun n'avait de cardiopathie préexistante vérifiée par l'examen clinique, l'ECG, le test d'effort, la coronarographie, la mesure de la fraction d'éjection et une biopsie endomyocardique (pour 6 d'entre eux).
Un traitement efficace chez 13 patients sur 16
Au cours d'épisodes de FV, des cathéters multiélectrodes ont été montés par voie fémorale transcutanée jusque dans les cavités cardiaques.
Le foyer déclenchant a été retrouvé au niveau de l'infundibulum pulmonaire chez 4 patients. Mais, dans la grande majorité des cas, il était situé dans le faisceau de Purkinje, au niveau de la paroi antérieure du ventricule droit ou dans la région septale du ventricule gauche (n = 12).
La cautérisation par radiofréquence (55 à 60 °C pendant 60-120 secondes) a été effectuée dès que le foyer déclenchant était repéré : 6 applications ont été nécessaires pour l'infundibulum, 9 pour le faisceau de Purkinje sur des foyers multiples.
Chez 13 patients, aucune récidive n'a été observée après un suivi de 32 mois, Deux des 3 patients en échecs ont dû subir un choc électrique.
« Ce résultat est très important, car c'est la première fois que l'on identifie un mécanisme qui pourrait expliquer la mort subite du sujet sans cardiopathie préexistante. Le défibrillateur reste le traitement standard de la FV, mais si le résultat se confirme un autre traitement pourrait être possible : radiofréquence ou même traitement médicamenteux visant le fonctionnement du faisceau de Purkinje », conclut le Pr Haïssaguerre.
« Lancet », 23 février 2002, vol. 359, pp. 677-678.
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