La décision prise par l'agence régionale d'hospitalisation (ARH) d'Aquitaine de suspendre temporairement les activités chirurgicales et certaines activités médicales de la clinique Marzet de Pau (« le Quotidien » du 24 avril) a été prise « dans la plus grande opacité », selon l'UMESPE (branche spécialiste de la CSMF) et le SYMHOP (Syndicat national des médecins de l'hospitalisation privée).
Les deux syndicats ont exprimé dans un communiqué commun leur étonnement face à la « fermeture brutale et autoritaire » de l'établissement. « Si des dysfonctionnements graves existaient, insistent-ils, ils auraient dû être notifiés antérieurement à l'établissement et aujourd'hui clairement exprimés par l'ARH. »
« Cette mesure administrative jette l'opprobre sans discernement sur toute la profession médicale », estime le Dr Jean-Paul Ortiz, secrétaire général de l'UMESPE, « d'une gravité extrême, (elle) prive à la fois la soixantaine de médecins concernés de leur outil de travail et la population de l'offre de soins » (135 patients ont dû en effet retrouver leur domicile après la décision de fermeture). « L'ARH reste floue sur les réels motifs de cette suspension et, comme la sécurité ne semble pas mise en cause, les praticiens de l'établissement sont interpellés par cette mesure qui leur paraît tout à fait disproportionnée. »
Après une décision de fermeture temporaire pour le moins mystérieuse (elle n'était, dans un premier temps, assortie d'aucun commentaire), le directeur de l'ARH d'Aquitaine, le Dr Alain Garcia, a donné quelques éclaircissements. Evoquant une « organisation défaillante » et des problèmes de « sécurité et de continuité des soins », l'ARH a notamment indiqué que le transfert depuis la clinique Marzet « vers un établissement qui dispose de service de réanimation ou de soins intensifs n'est pas systématiquement assuré ». Elle a montré du doigt « la prise en charge des malades atteints de plusieurs pathologies viscérales », qui ne serait pas « globale », et « la tenue des dossiers médicaux », pour laquelle de « graves anomalies auraient été relevées ».
L'activité d'anesthésie de la clinique est, elle aussi, directement mise en cause. Son organisation « ne permet pas d'assurer les anesthésies et de rester disponible pour la surveillance postopératoire en cas d'appel d'urgence », affirme le Dr Garcia. Et cela conduit le SNARF (Syndicat national des anesthésistes-réanimateurs de France) à réagir vivement. « Comme d'habitude, tempête le Dr Jean-Marc Dumeix, président du SNARF, lorsque l'on veut s'attaquer à un établissement, ce sont d'abord les anesthésistes qui trinquent. Comme ils sont très encadrés juridiquement, il est plus facile pour l'administration de s'en prendre à euxparce qu'il suffit de pinailler sur des points de détail. »
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