CELLE QUI VIENT du peuple et se dit une « grue » et celle qui est une petite-bourgeoise et s’affirme « une parfaite réactionnaire ». Les hasards de la programmation mettent à l’affiche de deux excellents théâtres privés parisiens, La Madeleine et le Montparnasse, deux pièces d’un autre temps. Mais de la même époque, presque exactement la même : 1895 pour « la Parisienne », écrite par un auteur de 48 ans au sommet de son art, Henry Becque ; 1904 pour « Nono », signée par un tout jeune homme de 19 ans, Sacha Guitry.
Les titres des deux comédies, l’une franchement féroce, mais non dénuée de désinvolture, l’autre très légère d’apparence, mais non dénuée de lucidité, ces deux titres renvoient aux héroïnes. La Parisienne, soit Clotilde Du Mesnil, jeune femme mariée à un homme sans éclat, mais bon. D’ailleurs elle l’aime et s’occupe bien de ses enfants, mais elle a tout de même un amant et va se servir d’une autre conquête, un tout jeune homme pour rendre fou cet amant et soutenir la carrière de son mari. Nono, soit le surnom d’une toute jeune femme, une cocotte de 25 ans qui va passer de son jeune amant au vieil ami de ce dernier le temps d’une villégiature agréable…puis tout rentrera dans l’ordre, comme chez Clotilde.
Libres.
Deux figures de femmes en une époque où la liberté est très étroite. Mais, et c’est frappant, elles sont libres, elles prennent des initiatives. Elles sont dépendantes financièrement, mais elles ont le sens du réel, elles sont très intelligentes, charmeuses, sincères, aimantes. Elles s’amusent et trouvent leur espace, trouvent de l’air, littéralement en manipulant ces messieurs.
On ne résumera pas ici les deux pièces. Il faut les découvrir : deux très bonnes productions, avec, dans les rôles-titres des comédiennes remarquables. Barbara Schulz est Clotilde, Julie Depardieu est Nono. Elles sont très bien mises en scène et entourées : dans « Nono », Michel Fau, qui signe la mise en scène, joue également la nouvelle conquête de la coquine. Il est très bien. Il tente de se débarrasser d’une vieille maîtresse qui est un peu comme une épouse, l’épatante Brigitte Catillon. Le jeune fils de famille est interprété magistralement par Xavier Gallais qui fait d’un rôle écrit à la va-vite, un premier rôle ! Dans « La Parisienne », Barbara Schulz, éblouissante, sensuelle et maîtresse de toutes les moirures du personnage, trouve en Jérôme Kircher un partenaire complice et audacieux et en Didier Brice un époux bien dessiné. Didier Long signe cette mise en scène très bien menée.
« La Parisienne », Théâtre Montparnasse (tél. 01.43.22.77.74), à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le samedi à 17 h 30 et le dimanche à 15 heures. Texte-programme, « L’Avant-scène théâtre » (12 euros).
« Nono », Théâtre de la Madeleine, à 21 heures du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 15 heures (tél. 01.42.65.07.09). Texte-programme de qualité édité par le théâtre (10 euros).
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