Livres
Le prix Femina « va me donner plus de confiance en moi-même », dit Dai Sijie, lauréat pour « le Complexe de Di »* (Gallimard). Le succès de son premier roman, « Balzac et la petite tailleuse chinoise » aurait pourtant pu ôter tout complexe à cet écrivain et cinéaste né en Chine, qui vit en France depuis 1984 et écrit en français.
Son livre au titre jeu de mots (avec « complexe d'dipe ») raconte « l'aventure du premier psychanalyste chinois qui voulait explorer l'inconscient asiatique, qui était un grand mystère », résume l'auteur, qui avoue avoir parfois ri en l'écrivant.
Dai Sijie, 49 ans, a obtenu 7 voix sur 12 (l'essayiste et romancière Chantal Thomas ayant succédé à Françoise Giroud) contre 4 pour « les Ames grises » (Stock), de Philippe Claudel, qui avait les faveurs de la présidente, Régine Deforges.
Des hommes perdus
Le vainqueur du prix Médicis, auteur de plusieurs romans et de livres pour la jeunesse, est moins connu que Dai Sijie. Hubert Mingarelli, qui vit dans un village de l'Isère, est récompensé pour « Quatre soldats » (Le Seuil), paru en janvier. En 1919, quatre soldats russes fuient dans des forêts hostiles les forces roumaines et polonaises ; seul secours contre la barbarie, la solidarité, l'amitié. « J'ai voulu parler de la manière dont des hommes perdus parviennent à s'entraider. La révolution russe n'est qu'un prétexte », explique ce romancier de 47 ans, qui a choisi une écriture dépouillée et fait une large place à la nature.
Le prix Femina étranger a, pour sa part, réparé un oubli, celui dans lequel était tenue, en France, l'uvre de la romancière hongroise Magda Szabo, 87 ans. Le livre primé, « la Porte » (éditions Viviane Hamy), qui avait connu un succès international en 1987, est le portrait d'une femme de ménage humble et pourtant rebelle.
Quant au Médicis étranger il va au « Barcelonais et Européen » - ainsi qu'il se définit - Enrique Vila-Matas pour « le Mal de Montano » (Christian Bourgois) : un roman satirique et érudit qui montre, dit-il, « le triomphe de la littérature ».
C'est le second livre consacré au génocide rwandais par le journaliste et écrivain Jean Hatzfeld, « Une saison de machettes »** (Seuil), qui a reçu le prix Femina essai. « Je bataille pour que ce livre soit lu. Alors, évidemment, ce prix est un "plus" pour cet objectif », commente Hatzfeld. Il décrit son ouvrage, pour lequel il a rencontré des tueurs condamnés pour le massacre de Tutsi, comme « à la fois de la littérature, du témoignage ainsi qu'un essai car le récit est intercalé par des réflexions de l'auteur sur les conditions de son travail et par des références permanentes à la Shoah ».
Une dernière frontière, celle qu'on ne passe qu'une fois, avec le prix Médicis de l'essai, qui va à l'ouvrage très original de Michel Schneider, « Morts imaginaires » (Grasset) : 36 portraits d'écrivains, de Montaigne à Truman Capote, saisis dans leur dernier instant. « J'entre dans leur tête à ce moment-là, explique l'essayiste, et puis je repars de la fin vers ce qu'ils ont écrit dans leur uvre en rapport avec la mort. »
* « Le Quotidien » du 30 septembre.
** « Le Quotidien » du 23 septembre.
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