On la connaissait, belle et mystérieuse, et depuis si longtemps unique et diverse dans des univers cinématographiques de haute qualité. Charlotte Rampling impose avec une autorité et une subtilité remarquables le personnage ambigu imaginé par Eric-Emmanuel Schmitt dans « Petits crimes conjugaux ». Le couple théâtral qu'elle forme avec l'éblouissant Bernard Giraudeau est parfait : vraisemblable, inventif, aussi attachant qu'inquiétant.
Ils reviennent ensemble. Elle est alllée le chercher à l'hôpital. Il n'a plus de mémoire. Elle est toute douceur et prévenance. Elle veut l'aider à retrouver ses souvenirs. Mais si elle n'était qu'une truqueuse, une menteuse, une méchante et si lui savait tout, et mentait lui aussi et faisait semblant... ? Ce serait terriblement angoissant, excitant. Un vrai suspense de thriller à la Hitchcock, non ?
Eric-Emmanuel Schmitt s'amuse. Il sait doser les informations et ce qui les contredit. On croit tenir un sens, il se dissipe. Le spectateur est dans la même situation que les protagonistes : ils ne savent pas ce qui est vrai et ne l'est pas, ils sont engagés devant nous dans une partie de poker menteur... dont dépend sinon leur vie du moins une certaine entente entre eux...
Schmitt, ainsi qu'il adore le faire - c'était le principe des « Variations énigmatiques » - enroule l'intrigue sur elle-même, manipule le public comme il manipule ses personnages. C'est très jubilatoire dramatiquement.
Les interprètes, guidés par Bernard Murat, s'affrontent magnifiquement. Duel au sommet de deux grands caractères, affrontement de deux virtuoses, en très belle complicité. La beauté, la sensualité naturelle, le goût du jeu, tout unit les deux comédiens comme les deux personnages et pour nous, spectateurs, c'est délicieux !
Théâtre Edouard VII, à 21 h du mardi au samedi, en matinée à 16 h le samedi et 15 h le dimanche (01.47.42.59.92). Durée : 1 h 30 sans entracte. Texte publié par Albin-Michel (10 euros).
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