Deux méta-analyses récentes relancent les polémiques sur l’usage de la metformine. La première, réalisée par une équipe danoise et publiée dans le BMJ du 18 avril, a sélectionné les études cliniques randomisées comparant l’association metformine–insuline à l’administration d’insuline seule chez les patients diabétiques de type 2. Elle conclut à l’absence d’amélioration évidente de la chez les patients sous bithérapie comparés à ceux sous insuline uniquement et démontrent que les hypoglycémies sont près de 3 fois plus fréquentes quand l’insuline est associée à la metformine. Les auteurs précisent toutefois que l’association thérapeutique a l’avantage de réduire l’HbA1c de 0,5%, la prise de poids d’1 kg et de permettre une réduction de l’insulinothérapie de 5 UI/jour.
La seconde méta-analyse, lyonnaise cette fois, publiée dans PLOS medecine (avril 2012) est bien plus radicale dans ses propos. Elle récuse les conclusions de l’étude UKPDS 34 parue en 1998, laquelle affirmait que la metformine associée aux mesures diététiques chez les diabétiques en surpoids permettait de réduire d’un tiers leur mortalité globale. Sur les 13 essais contrôlés et randomisés pour leur méta-analyse, les Lyonnais concluent que la metformine peut aussi bien réduire la mortalité globale de 25% que l’augmenter de 31% …
Le Pr Paul Valensi (chef du service de diabétologie à l’hôpital Jean Verdier, Bondy) modère les conclusions de la première étude : « on sait très bien que la metformine potentialise les effets hypoglycémiants de l’insuline. Mais un bon titrage de l’insuline permet de les amoindrir. Chez les sujets à fort risque d’hypoglycémies, il est toutefois préférable de passer à l’insulinothérapie exclusive. » Quant au travail paru dans Plos Medecine, il s’insurge sur ses conclusions : « la metformine est une molécule prescrite depuis 55 ans. Si elle augmentait la mortalité des patients diabétiques, on le saurait. Il n’a jamais été mis en évidence d’effet délétère sur des critères intermédiaires. Rappelons qu’on n’attend pas d’un médicament anti-diabétique qu’il réduise spécifiquement les complications du diabète mais que l’amélioration du contrôle glycémique qu’il induit agisse dans ce sens. Le profil de sécurité de ce produit permet de le maintenir en première ligne thérapeutique»
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