C'est un médecin du Val d'Oise qui le premier a tiré la sonnette d'alarme. Début janvier, il reçoit un courrier du Conseil départemental l'invitant à régler sa cotisation ordinale de 300 euros.
Intrigué par l'adresse erronée du CDOM mentionnée sur ce document, le praticien interpelle le Conseil qui révèle la supercherie. Il s'agit d'une tentative d'escroquerie qui vise les médecins du département. Réaction immédiate du CDOM du Val d'Oise qui alerte les praticiens inscrits au tableau et diffuse le message auprès de toutes les instances ordinales.
Bien ficelée, l'arnaque a tout de même fait des victimes : près de 130 médecins tombés dans le piège se sont manifestés à ce jour auprès du Conseil départemental du Val d'Oise (qui en recensait près de 80 le 8 janvier dernier). Et ce n'est pas tout. Une cinquantaine de praticiens de Seine-Saint-Denis ont eux aussi répondu à ce faux appel à cotisation et envoyé leur chèque.
Une première selon le président de l'Ordre
« C'est une première. Nous n'avons jamais été confrontés à une arnaque visant l'appel à cotisation, reconnaît le Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre. D'après nos informations, le Val d'Oise, la Seine-Saint-Denis et, dans une moindre mesure, les Hauts-de-Seine ont été touchés. »
Tous les médecins de ces départements n'ont pas été ciblés, mais il estime que « plusieurs centaines, voire un millier d'entre eux » ont été sollicités par ce faux courrier. L'enquête menée par les forces de police révèlera l'ampleur des dégâts. « La réaction rapide des Conseils départementaux a permis de circonscrire l'arnaque » nuance le Dr Bouet.
Il rappelle les indices qui pouvaient éveiller les soupçons de ses confrères : erreur d'adresse, faute d'orthographe, montant de cotisation erroné (300 au lieu de 305 euros) et surtout l'impossibilité « pour des raisons techniques » (selon le faux courrier ordinal) de régler en ligne par carte bancaire. Ceci dit, la personnalisation des courriers - avec adresse et numéro RPPS des praticiens - avait de quoi les induire en erreur.
Collecte sauvage de données personnelles
Les auteurs de l'arnaque auraient collecté ces données sur les annuaires en ligne de professionnels, notamment sur le site de l'Ordre. Le président du Conseil national n'écarte pas cette dernière possibilité, même si cela est peu probable : « Nos services informatiques ont vérifié que, sur la période concernée, nous n'avons pas fait l'objet d'une interrogation massive de nos bases de données pour collecter ces informations, notamment le numéro RPPS. » Les escrocs ont souvent recours à des robots logiciels capables de réaliser cette opération automatiquement en un temps très court.
Par le passé, l'Ordre a déjà subi ce type d'attaques qui l'ont conduit à porter plainte pour utilisation frauduleuse de données. Depuis, il a mis en place des mesures de sécurité pour s'en prémunir. « Nous les renforçons constamment pour tenir compte de l'évolution des techniques des " pirates " » ajoute le Dr Bouet qui précise que les récents évènements ont conduit les services informatiques à renforcer encore ces protections.
Il confirme par ailleurs que les CDOM ont porté plainte en tant que personnes morales. Les médecins victimes sont quant à eux invités à prévenir leur Conseil départemental, à déposer plainte auprès des forces de polices... et à faire opposition au chèque de banque qu'ils auraient envoyé par erreur aux escrocs.
Article initialement publié samedi 25 janvier 2014.
Le faux courrier ordinal reçu par un lecteur du « Quotidien » (Merci au Dr O.).
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