Aux États-Unis, noter le corps médical est monnaie courante. Au Royaume-Uni aussi. En France, des sites Internet ont fleuri (note2bib.com, demedica.com), puis ont disparu. Notetondoc.com enregistre 4 000 avis par an, c’est très peu. Même les commentaires postés sur des sites généralistes comme Google ne permettent guère de faire un choix éclairé. La mayonnaise n’a pas pris, du moins pas encore.
Pour Valérie Brouchoud, présidente de Doctissimo, « le mouvement de la société civile est en route » pour ce service direct aux patients. Des start-up servent d’aiguillon. Le site mondocteur.fr (racheté par Doctissimo) met en ligne, de façon actualisée, des rendez-vous médicaux annulés la veille ou le matin même par les patients, permettant à d’autres de prendre leur place. Pour Valérie Brouchoud, il faut passer à l’étape suivante, la notation en ligne de tel ou tel praticien, sans que mondocteur.fr soit taxé de publicité. « Pourquoi un patient, sur des critères objectifs, ne pourrait-il pas dire que le médecin l’a pris en retard, que l’accueil est très désagréable, que la salle d’attente est salle, ou que le médecin ne s’est pas lavé les mains ? Le patient le dit déjà à son collègue. Internet, c’est le bouche-à-oreille multiplié par mille ».
Ressenti
Le propos a fait réagir le Pr Yves de Prost, dermatologue, ancien PU-PH à l’AP-HP, lors d’un débat organisé à Chamonix, à l’occasion de la 6e édition de CHAM. Attention à ne pas confondre le ressenti du patient et les résultats cliniques, a-t-il mis en garde : « Le plus important pour un chirurgien, ce sont les suites opératoires et les infections nosocomiales, pas le sourire ». À ses yeux, l’évaluation des médecins doit impérativement rester aux mains des médecins. D’autres verrous résistent : l’Ordre des médecins est hostile aux sites de notation, la loi Informatique et Libertés apporte une garantie au praticien, en cas de commentaires défavorables.
Marianne Binst, directrice générale de Santéclair (plateforme spécialisée dans la gestion du risque qui travaille avec les complémentaires santé), considère que « la solution, c’est l’open data ». Les données cliniques, si elles étaient publiques, permettraient à chacun de choisir son médecin, assure-t-elle. « Sauf qu’avec le projet de loi santé, aucune information ne sera disponible sur les professionnels de santé. La boîte noire reste fermée ».
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