Médiatisation des régimes à outrance, mise en avant de mannequins maigres dans les magazines féminins… le surpoids et l'obésité sont parfois perçus, à tort, par le grand… public comme de simples problèmes d'ordre esthétique. Or, l'obésité -maladie chronique- peut engendrer de graves conséquences sur la santé. Sa prise en charge relève du corps médical.
En constante augmentation chez l'enfant et l'adolescent notamment, l'obésité doit faire l'objet d'une politique de prévention s'adressant à l'ensemble des Français. Une politique qui vise à améliorer l'état nutritionnel de la population, à réduire le risque de maladies chroniques et à améliorer la qualité de vie. « La prévention primaire -qui s'adresse à tout le monde- doit être totalement démédicalisée. Elle doit se concrétiser par des messages de santé publique favorisant l'équilibre nutritionnel, valables pour l'ensemble de la population », souligne le Dr Lecerf, médecin nutritionniste, à l'institut Pasteur de Lille. Il ne s'agit donc pas de délivrer des conseils pour favoriser la perte de poids ou éviter de grossir. « La santé de la population générale ne passe pas par des conseils restrictifs. Or le discours officiel (PNNS, Haut Conseil de Santé Publique) est, notamment, axé sur le fait de diminuer les apports en graisses, glucides et lipides », souligne le Dr Lecerf. La prévention primaire de l'obésité doit s'effectuer à tous les niveaux de la société, en s'appuyant sur des structures nationales et régionales (institutions, associations de patients…).
Le corps médical au cœur de la prévention
Quant à la prévention secondaire -celle destinée aux enfants et adultes à risque de surpoids et/ou d'obésité (sédentarité excessive, mauvaises habitudes alimentaires, prédispositions génétiques, détresse psychologique…)- elle doit être éclairée du regard médical. « L'obésité est une maladie complexe, aux multiples aspects (hygiène de vie, état psychique, lieu de vie, situation sociale, économique, niveau de stress…). Sa prévention auprès de personnes à risque doit être orchestrée par le médecin (généraliste et nutritionniste, notamment) », rappelle le Dr Lecerf. Ce dernier n'est, toutefois, pas le seul acteur de cette prévention qui doit viser tous les aspects de l'obésité. Éducateurs médicosportifs, psychologues, psychiatres et diététiciens… ces acteurs jouent également un rôle clé dans la prévention de l'obésité. « Ce qui manque, aujourd'hui, c'est un réseau de compétences (hors médecins) au service du patient à risque d'obésité. Ces professionnels devraient être conseillés au patient par le médecin généraliste. Or aujourd'hui, le patient n'y a pas toujours accès, faute de moyens humains (déserts paramédicaux) ou économiques », note le Dr Lecerf. De fait, les diététiciens et les psychologues, par exemple, ne sont pas remboursés par la sécurité sociale.
Enfin, lorsque l'obésité est installée, la prévention de ses complications et comorbidités ne peut s'effectuer que dans le cadre médical. « D'autres professionnels de santé (kinésithérapeutes, diététiciens, psychologues, esthéticiens…) sont également nécessaires dans la prise en charge du patient. Mais la prévention tertiaire doit être médicalisée. Car pour cette maladie chronique, le patient a besoin d'un suivi médical à vie », conclut le Dr Lecerf.
D'après un entretien avec le Dr Lecerf, médecin nutritionniste, à l'institut Pasteur de Lille
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