ILS ONT DES ARGUMENTS : on compterait quatre millions de fumeurs de marijuana en France, la plupart des autres pays européens ont dépénalisé cette drogue et l’attitude purement répressive des pouvoirs publics ne diminue nullement le nombre de consommateurs. L’éditorialiste de « Libération » dénonce « l’hypocrisie » du gouvernement et l’absence de réponse à une question qui n’a cessé d’être posée pendant trois décennies.
On fera remarquer que, en matière de drogue, tout est question de culture. On a les drogues de sa génération : le cannabis a remplacé le tabac et l’alcool ou cohabite avec eux ; certaines personnes s’abreuvent à toutes les sources et n’hésitent pas à additionner les « vices » selon les unes, ou les « expériences », selon les autres. Une chose est sûre : ce sont les fumeurs de cannabis qui font le plus grand tapage autour de la dépénalisation ; et on remarquera que, souvent, ce sont les mêmes qui approuvent la répression de l’alcoolisme et du tabagisme.
Autrement dit, le civisme est le grand perdant du débat sur la dépénalisation du cannabis. On ne peut pas à la fois se livrer à cent manifestations d’ostracisme à l’égard des fumeurs de tabac et absoudre tout en même temps et collectivement les fumeurs de cannabis. Quand on nous dit qu’il est « prouvé » que le cannabis est inoffensif, on ment. D’abord, il peut constituer un passage vers les drogues dures ; ensuite, il a été démontré que les conducteurs qui ont fumé du cannabis ont des réflexes moins bons ; enfin, s’il est vrai que le tabac n’est pas pénalisé, il n’y a aucune raison de lui livrer un combat au finish dès lors qu’on permettrait aux tabagiques de passer à la marijuana en toute impunité.
En conséquence, la bonne attitude consiste à ne pas légaliser le cannabis pour pouvoir continuer à lutter contre l’alcoolisme et le tabagisme. Mais qu’on ne vienne pas nous dire, argument définitif, que l’être humain a besoin naturellement de drogue. Dans ce cas, arrêtons ces campagnes sinistres contre le tabac : le cannabis ne donne pas le cancer du poumon ? Il peut quand même tuer au volant, tout autant que l’alcool. Il est bien possible que, si le cannabis avait l’ancienneté du tabac et de l’alcool, il ne serait pas réprimé. Ce n’est pas une raison pour dresser les uns contre les autres des groupes différents de drogués.
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