C'est une forme de mise en garde que lancent, dans le « New England Journal of Medicine », Jennifer A. Hanrahan et coll. de Cleveland (Etats-Unis). Mise en garde contre la lenteur des autorités sanitaires américaines pour diagnostiquer la variole. Le délai entre la suspicion chez un patient et la confirmation biologique par le CDC (Center for Disease Control) est trop long en cas de menace bioterroriste.
Les médecins fondent leur démonstration sur un cas clinique.
Il s'agit d'un homme vu en consultation pour une éruption papulovésiculeuse centrifuge, précédée, depuis quatre jours, de fièvre, de céphalées, de courbatures, de nausées et de vomissements. Comme l'éruption a commencé sur le visage, évolue lentement et que toutes les lésions sont au même stade, la variole est mise au rang des diagnostics. Le CDC (situé à Atlanta) est prévenu. Un envoi d'échantillon et de photos numérisées (par e-mail) est effectué.
Sur place, les IgG varicelle-zona (VZV) sont positives, mais la fluorescence directe est négative, comme la sérologie VIH. Si nous avions disposé sur place d'un test de recherche d'anticorps par fluorescence directe pour l'herpès virus, nous aurions pu éviter l'envoi de spécimens au CDC, déplorent les auteurs. Ils rappellent que, face à une suspicion de variole, ils disposent d'un algorithme diagnostique comportant la recherche d'HSV, de VZV et de syphilis.
Quoi qu'il en soit, réunir la totalité des éléments souhaités par le CDC, trouver un transporteur spécialisé et faire la « paperasse » prend 90 minutes. Au bout de 25 heures en tout, le CDC confirme l'absence de virus de la variole. Une journée entière qui explique l'inquiétude des médecins de Cleveland.
La lettre de J. Hanrahan et coll. est suivie d'une réponse du CDC. Il fait remarquer que le cas suspect ne présentait qu'un ou deux des critères majeurs de variole selon l'algorithme, ce qui est insuffisant. La recherche de variole a été faite pour rassurer une unité de soins, peu au fait de l'utilisation d'un tel algorithme. Le CDC constate que ce cas clinique montre tout l'intérêt d'un appareil photo numérique dans les établissements de soin et le besoin qu'ils ont de disposer de toute une batterie de tests diagnostiques, variole comprise. Il rappelle l'existence, aux Etats-Unis, d'un réseau de laboratoires assignés au bioterrorisme, équipés pour identifier les VZV, HSV et vaccine. Enfin, en cas de nécessité, le transport d'échantillons peut être effectué par avion, à tout moment.
Quant au patient responsable... il était atteint d'une infection à herpès virus de type 2.
« New England Journal of Medicine », 30 janvier 2003, pp. 467-468.
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