« Souviens-toi de moi », de Gabriele Muccino

Famille en crise

Publié le 11/11/2003
Article réservé aux abonnés
1276281343F_Img147649.jpg

1276281343F_Img147649.jpg

Cinéma

Gabriele Muccino n'est pas un théoricien. Ce qui l'intéresse, de son propre aveu, ce sont « les élans du cœur et la forme qu'ils prennent suivant les âges », inclinations qu'il avait déjà auscultées avec succès à travers les trentenaires (il est né en 1967) de « Juste un baiser ».

Avec Heidrun Schleff, qui avait collaboré avec Nanni Moretti pour « la Chambre du fils », Muccino a imaginé une famille romaine aisée qui doit ressembler à beaucoup d'autres. Le père et la mère quadragénaires, aux émois refroidis, le grand fils à la recherche de lui-même, la fille de 18 ans prête à tout pour réussir dans le show-biz. Ils n'ont pas de gros problèmes et pourtant rien ne va plus : les parents se demandent s'ils ont bien fait d'abandonner leurs ambitions de jeunesse (l'un écrit un roman, l'autre a rêvé d'être actrice), les enfants se cherchent et aucun des quatre ne perçoit le mal-être des trois autres.
Si l'on en reste aux ficelles du récit, on ne voit qu'un drame bourgeois, classique, de l'adultère (la belle Monica Bellucci passe par là). Heureusement, davantage que les rebondissements dramatiques, ce sont les rêves et les déceptions de ses personnages que traque le réalisateur, avec une mise en scène sans apprêt. Au passage, il égratigne l'individualisme et le narcissisme amplifiés par la télévision, censée faire de gens ordinaires des stars.
Si l'on s'attache à ses personnages, c'est aussi et peut-être surtout grâce à ses acteurs : Fabrizio Bentivoglio, au charme discret autant qu'irrésistible, Laura Morante, belle dans l'hystérie, Sylvio Muccino, le petit frère, très doué, du réalisateur, et Nicoletta Romanoff, la débutante qui promet. Sans oublier Monica Bellucci, de retour pour un film dans son Italie natale.
Comme « Juste un baiser », « Souviens-toi de moi » est un joli film, sensible et juste, pour évoquer les sentiments et les questions que l'on se pose avec le temps qui passe. On oublie une mise en scène pas toujours à la hauteur du scénario pour vibrer avec cette famille en crise en laquelle il n'est pas difficile de se reconnaître un peu.

Renée CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7423