Face à un diabète aigu après 50 ans, penser à une pathologie pancréatique

Publié le 29/04/2003
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Le diabète de type 2 reste encore une pathologie d'après la cinquantaine, malgré une prévalence de plus en plus importante chez des sujets jeunes en raison de l'augmentation de l'excès pondéral. Il est découvert le plus souvent dans le cadre d'un dépistage ou pour une pathologie intercurrente.

Il s'agit d'une anomalie de la glycorégulation habituellement sensible aux mesures hygiénodiététiques ou pharmacologiques. Il existe néanmoins des cas de révélation brutale, nécessitant d'emblée une insulinothérapie. C'est à ces patients que s'est intéressée l'équipe de Damiano et Bauduceau, du Service de santé des Armées (Saint-Mandé).
Face à un patient déséquilibrant brutalement un diabète, l'expérience des diabétologues les incite à rechercher une pathologie pancréatique, malheureusement le plus souvent néoplasique. Pour objectiver l'intérêt d'une telle démarche, les auteurs ont analysé de manière prospective 115 diabétiques âgés de plus de 50 ans et hospitalisés pour la découverte récente (moins de trente jours) d'un diabète très déséquilibré nécessitant une insulinothérapie.
En milieu hospitalier, tous ces sujets ont bénéficié d'un examen biologique (cholestase, cytolyse) et morphologique de la région pancréatique par échographie, scanner ou IRM.
Pour 12,2 % d'entre eux existait une lésion grave de la région abdominale : six adénocarcinomes pancréatiques, une tumeur bénigne du pancréas, un cancer du duodénum, avec extension pancréatique, une tumeur neuro-endocrine, une pancréatite biliaire, un lymphome non hodgkinien et trois cancers découverts de manière fortuite (rein et ovaires).

Perte de poids initiale

Les patients atteints de pathologie abdominale avaient le même âge et aucun signe clinique différent des autres, hormis une perte de poids initiale plus importante (signe banal chez un diabétique qui se décompense). Les paramètres biologiques de l'inflammation de la cytolyse ou cholestase étaient identiques.
Pour les auteurs, la découverte de 12,2 % de pathologies abdominales graves et l'absence d'autre marqueur « invitent à réaliser de façon systématique une échographie ou un scanner lorsqu'un diabète s'installe brutalement sans raison particulière après la cinquième décennie ».
On pourrait avoir une attitude de prudence proche chez des diabétiques de type 2 connus qui déséquilibrent leur diabète sans cause évidente : modification du mode de vie ou pathologie intercurrente.

ALFEDIAM. J. Damiano, L. Bordier, T. Carmoi, L. Mureau, O. Dupuy, H. Mayaudon, B. Bauduceau (Saint-Mandé).

Dr Jean-Michel BORYS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7326