Longtemps appelé impuissance, le trouble de l'érection était considéré comme un problème d'origine uniquement masculin souvent attribué à la fatalité. Aujourd'hui, on parle d'une dysfonction érectile qui vient perturber la vie sexuelle d'un couple, mobiliser toute son histoire et son mode de communication préalable. « Au fil de nos consultations, nous nous sommes aperçus que les femmes ne portaient pas le même regard que les hommes sur les problèmes sexuels », explique le Dr Marie-Hélène Colson (sexologue, Marseille).
Une enquête de l'Institut Louis Harris a donc tenté de vérifier cette intuition clinique. Réalisée par téléphone auprès d'un échantillon de 507 femmes représentatives de la population des Françaises âgées de 20 à 65 ans, elle a montré qu'un femme sur 4 avait été confrontée à des troubles de l'érection chez un partenaire actuel ou ancien. D'après les données de la littérature, 1 homme sur 5 avoue avoir présenté ce type de trouble. Si les femmes parlent plus volontiers que les hommes, le sujet reste intime : le taux de refus 18 % est le double de celui observé habituellement et a été obtenu après une formation préalable des enquêtrices.
La femme active et cadre a le plus souvent été confrontée
Les femmes actives exerçant, comme leur compagnon, un métier de cadre ou une profession intellectuelle sont les plus exposées (36 %) ; d'autant plus qu'elles habitent la région parisienne (29 %) ou le Sud-Ouest (37 %).
Les femmes banalisent l'événement : la panne fait partie de la vie sexuelle de tout homme pour 98 % de celles qui y ont été confrontées (C) et 94 % de celles qui n'y ont jamais été confrontées (NC). Elles l'attribuent à un surmenage ou un excès d'émotivité. Leur attitude au moment de la panne est de rassurer (92 %), de stimuler (78 %) ou d'inciter le partenaire à continuer autrement.
Ce qui rend la situation difficile, c'est le malaise du partenaire et le fait qu'il se sente déstabilisé (44 %).
Cependant, elles restent satisfaites de leur sexualité (80 %), même si la pénétration gagne en importance (29 % contre 16 % des NC).
Ainsi, face à une panne de l'érection, l'attitude de la femme entre en résonance avec celle de l'homme : elle souffrira d'autant plus (26 %) et beaucoup plus tôt (l'événement est considéré comme grave à partir de 5 pannes) que le partenaire se replie sur lui-même et coupe la relation avec elle. Sauf chez la femme jeune (20-24 ans) qui souffre et s'irrite de la situation.
Médicaliser seulement en cas d'échecs répétés
La médicalisation n'est envisagée qu'en cas d'échec de la relation de couple ou d'échecs répétés. Trois hommes sur 4 n'ont jamais consulté, 11 % après plusieurs échecs. Si les femmes en parlent peu (58 % à personne), le médecin (de famille ou le spécialiste) reste l'interlocuteur privilégié (35 %) plus que la meilleure amie.
Le recours aux nouveaux traitements oraux est jugé comme quelque chose d'utile à envisager avec un suivi médical.
Dans ces troubles où les facteurs psychologiques sont prépondérants, « la femme doit être une alliée », précise le Dr Colson. La prise en charge, globale, doit s'inscrire dans un projet de couple. Il s'agit de rompre le cercle vicieux : le médicament agit alors comme « un détonateur de comportement qui permet de libérer la parole ». L'érection qu'il autorise apaise l'angoisse : le projet sexuel redevient un projet amoureux.
Séminaire de presse des laboratoires Pfizer, en présence du Dr Marie-Hélène Colson (sexologue, Marseille).
Viagra en France
Le sildénafil est le premier traitement par voie orale des troubles de l'érection d'origine psychogène ou organique.
Depuis son lancement il y a 3 ans, il a été prescrit chez 552 600 patients en France.
Non remboursé par la Sécurité Sociale, il est contre-indiqué en association avec les dérivés nitrés.
Selon le Dr Sylvia Cukier, « les rumeurs sur la dangerosité du Viagra ne sont pas fondées et un certain nombre de données indiquent une bonne tolérance cardio-vasculaire sous traitement ».
Le patient type est un homme de 57 ans (un tiers des utilisateurs a moins de 50 ans et un tiers plus de 60 ans) avec un facteur de risque cardio-vasculaire associé : hypertension artérielle (34 %), dyslipidémie, diabète ou tabac.
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