A force d'avoir des bilans dans le rouge, les cliniques broient du noir.
Multiplication des conflits sociaux ces derniers mois, conséquences du passage aux 35 heures, pénurie d'infirmières, dégradation de la situation économique des établissements dont plus de la moitié pourraient accuser un déficit cette année (contre 30 % environ les années précédentes) : l'hospitalisation privée n'en finit pas d'aligner la longue litanie de ses malheurs. Le dernier en date étant l'annonce, par le gouvernement, d'un objectif d'évolution des dépenses des cliniques limité à 3 % pour l'an prochain. Un taux qui fait bondir les responsables des établissements et qui, affirment-ils, ne permet nullement de financer les hausses de salaires de leurs personnels. C'est dans ce contexte de crise que les responsables des établissements ont appelé à deux journées de cessation d'activité dans les cliniques, les 24 et 25 octobre, mouvement soutenu par des coordinations et syndicats de praticiens (« le Quotidien » du 28 septembre).
C'est aussi ce contexte et les difficultés liées au passage aux 35 heures qui ont poussé les responsables des deux fédérations représentatives de ce secteur à fusionner : la Fédération intersyndicale des établissements d'hospitalisation privée (FIEHP), jusque-là légèrement majoritaire, et l'Union hospitalière privée (UHP) ont donc créé la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) qui sera désormais le seul interlocuteur des pouvoirs publics et des syndicats de personnels des cliniques.
Il s'agit d'ailleurs d'un retour à la situation qui prévalait voici une trentaine d'années. Jusqu'en 1970, la FIEHP était la seule fédération représentative des cliniques. Mais des divergences sur la politique hospitalière avait alors poussé une partie des établissements à faire scission et à créer l'UHP.
Des nuances
Après avoir entretenu pendant très longtemps des relations peu amènes que ne contribuaient pas à apaiser des conflits de personnes, les deux organismes n'avaient plus, depuis un certain temps déjà, de divergences fondamentales. La proximité sinon la similitude de leurs stratégies syndicales et la nécessité d'opposer un front commun aux pouvoirs publics, surtout à une époque où les difficultés s'accentuent, ont convaincu les responsables des deux syndicats de rassembler leurs forces. « La compétition entre nos deux fédérations nous faisait jusque-là perdre beaucoup d'énergie », reconnaissait, en juillet, le Dr Max Ponseillé, ancien président de la FIEHP et président de la nouvelle FHP. Quant à Alain Coulomb, délégué général de l'UHP, qui conserve ce titre dans la nouvelle structure, il souligne qu' « il n'existait que quelques nuances, plus culturelles que politiques, entre les deux fédérations » et que le gouvernement « était tenté d'utiliser l'une contre l'autre ». Les responsables des chaînes de cliniques estimaient, eux aussi, contre-productive l'existence de deux syndicats d'établissements privés. Daniel Bour, P-DG de la Compagnie générale de santé, la plus importante chaîne de cliniques, a notamment été partisan d'un regroupement de fédérations patronales.
Cependant, la fusion, initialement programmée pour la fin 2000, ne s'est pas faite sans difficultés. Il a fallu régler le sort des structures, des dirigeants et des personnels des syndicats. Le regroupement n'a été définitivement approuvé qu'en juillet 2001, et ce n'est qu'aujourd'hui que la nouvelle fédération sera officiellement présentée à ses partenaires. Hostiles à ce rapprochement, certaines cliniques auraient décidé de ne pas adhérer à la FHP. Les estimations vont de quelques unités à quelques dizaines de cliniques, mais le phénomène semble assez limité. La FHP revendique 1 500 établissements, soit la quasi-totalité des cliniques françaises.
Outre la mobilisation qu'elle organise contre la politique des pouvoirs publics, la FHP va devoir poursuivre les négociations avec les syndicats de salariés pour l'élaboration d'une convention collective unique.
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