Santé publique

Explosion de l’épidémie de diabète en France

Publié le 09/11/2010
A la veille de la journée mondiale du diabète du 14 Novembre, l’Institut de veille sanitaire (InVS) dresse, dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire, un bilan préoccupant quant à la progression de l’épidémie de diabète en France au cours de la dernière décennie. Et souligne les fortes disparités régionales observées en la matière

Même les experts les plus pessimistes n’avaient pas imaginé une telle progression… Selon une étude publiée dans le dernier BEH, en dix années, la prévalence du diabète traité a explosé en France passant de 2,6% en 2000 à 4,4% en 2009. D’après les données de l’assurance maladie analysées dans ce travail, le nombre de diabétiques traités a ainsi atteint les 2,9 millions en 2009 contre 1,6 millions en 2000.

Pour les auteurs, plusieurs éléments peuvent expliquer cette forte augmentation, parmi lesquels la progression du surpoids et de l’obésité en population française, l’intensification du dépistage mais aussi le vieillissement de la population. C’est en effet dans la tranche d’âge des plus de 80 ans que la hausse est la plus marquée, avec un taux de croissance annuel supérieur à 6% pour les hommes octogénaires et de 5,5% pour les femmes. Le taux maximal de prévalence du diabète est par ailleurs atteint chez 75-79 ans, avec dans cette tranche d’âge, un homme sur cinq (19,7%) traité pour diabète en 2009 et une femme sur sept (14,2%). Néanmoins, l’augmentation de la prévalence du diabète traité « concerne sans exception toutes les classes d’âge, » précise le BEH.

Toutes les régions de France sont également touchées mais avec de fortes disparités régionales. C’est en Outre-mer, dans le nord-est de l’Hexagone et en Seine-Saint-Denis que sont observées les plus fortes prévalences. « Les zones géographiques socialement plus défavorisés comme la Seine-Saint- Denis, le Nord-Pas-de-Calais et la Champagne-Ardenne ont vu en 2009 leur niveau de diabète croître plus rapidement que la moyenne, » précise le BEH. À l’inverse, la Bretagne (3,0%), les Pays-de-la-Loire (3,6%) et l’Aquitaine (3,9%) présentent des taux de prévalence beaucoup plus faibles.

Au total, le nombre de diabétiques traités en 2009 a donc fortement augmenté pour atteindre un niveau « supérieur à l’hypothèse la plus haute prévue par certains experts pour 2016 ». Un bon point toutefois, «le taux de mortalité du diabète a baissé d'environ 10% entre la période 2001-2006 et l'année 2009», note le BEH, qui souligne les progrès dans la prise en charge des facteurs de risques cardio-vasculaires (hypertension, cholestérol...) chez les diabétiques.

«Malgré les améliorations constatées dans le domaine cardiovasculaire, le diabète reste générateur de complications graves (amputations, cécité..., ndlr) et coûteuses», concluent les auteurs qui suggèrent d'engager des politiques adaptées aux populations à risque, notamment pour les plus de 60 ans et dans les zones géographiques les plus concernées.

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr