LE CANCER du poumon est la première cause de décès par cancer pour l'homme (près de 25 %) et la troisième pour la femme. Mais les Françaises sont en passe de rattraper les Français sur ce plan, confirme une étude de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnamts) portant sur les années 1997 à 2002*.
Faute de registres du cancer dans tous les départements, les données nationales ne sont pas faciles à réunir. La Cnamts s'est fondée sur les ALD attribuées aux patients du régime général pour des nouveaux cas de cancer du poumon. Il y a certes un biais, puisque tous les cas ne sont pas déclarés en tant que tels (notamment si le patient a déjà d'une ALD d'une autre nature) et qu'il peut y avoir double déclaration, mais le rapport entre ALD et incidence réelle a été estimé dans une étude à 0,93.
De 1997 à 2002, le régime général a enregistré plus de 105 000 nouveaux cas de cancer du poumon (85 420 hommes et 20 490 femmes). Pendant ces six années, le sex ratio H/F n'a cessé de baisser, passant de 5,7 à 4,2. Car l'incidence chez l'homme a reculé (de 41,3 à 40,1 pour 100 000**), tandis que chez la femme elle a explosé (de 7,3 à 9,6), avec une hausse moyenne de 5,6 % par an.
Avec l'avancée en âge des générations fumeuses (les femmes nées après la guerre), la situation ne va pas s'améliorer, comme en témoigne le taux d'évolution chez les 40-59 ans (+ 9,6 % par an). Les Françaises vont rejoindre les femmes des pays du Nord, où l'incidence du cancer du poumon est deux fois plus importante que dans les pays de l'Europe de l'Ouest. Et la progression de leur espérance de vie risque d'être remise en cause.
On pourrait se réjouir de la baisse de l'incidence chez l'homme, confirmée par cette étude, si l'on ne constatait une hausse chez les 40-59 ans (de 79 pour 100 000 à 83,1). La France est loin des pays anglo-saxons, où la lutte antitabac porte ses fruits depuis longtemps : au Royaume-Uni, la mortalité masculine est en baisse depuis les années 1960 et, aux Etats-Unis, elle diminue depuis les années 1990.
Disparités régionales.
Si l'on veut une preuve supplémentaire de l'influence du tabagisme, on peut se pencher sur les disparités régionales : incidences élevées dans le nord et l'est de la France pour l'homme et dans les départements les plus urbanisés (Paris, Val-de-Marne, Var) et en Champagne-Ardenne et Lorraine pour la femme. « Le degré d'urbanisation, les disparités socio-économiques et professionnelles, l'importance de la consommation tabagique sont des facteurs associés à ces différences géographiques », notent les auteurs (Dr Francis Chinaud et coll.).
Cette étude se veut aussi la preuve de l'intérêt des données d'ALD, qui couvrent l'ensemble du territoire, pour la surveillance épidémiologique réactive et à des niveaux géographiques fins d'une affection fréquente, souvent mortelle, coûteuse (500 millions d'euros par an pour la prise en charge) et en grande partie évitable.
* Publiée dans la « Revue médicale de l'assurance-maladie », vol. 35, n°2.
** Taux d'incidence standardisés au monde.
Jamais la première cigarette
La Fédération française de cardiologie lance aujourd'hui la 7e édition de sa campagne « Jamais la première cigarette », à destination des 10-15 ans. Elle se compose de deux volets. Tout d'abord une enquête sur l'initiation au tabagisme, avec un questionnaire conçu et administré par les jeunes eux-mêmes, dont les résultats sont validés par l'institut Louis Harris, qui réalise une enquête identique par téléphone. Ensuite un concours de storyboards : les jeunes sont invités à créer un scénario original sur le thème du refus de la première cigarette. Les questionnaires doivent être retournés le 26 novembre au plus tard. Pour les storyboards, la date limite est le 4 février 2005 ; le scénario gagnant deviendra un clip qui sera diffusé à la télévision et au cinéma.
>>>>>Renseignements : www.jamaislapremiere.org.
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