L’INTESTIN grêle, appelé également «le continent sombre», est l’organe le plus difficile à explorer au cours d’une endoscopie gastro-intestinale, du fait de sa grande longueur. L’apparition, il y a trois-quatre ans de la capsule endoscopique, avait permis de découvrir les lésions de l’intestin grêle, mais suscitait une grande frustration chez les gastro-entérologues, «rien ne pouvait arrêter la progression de cette capsule». A cet inconvénient s’ajoutait l’impossibilité d’effectuer des biopsies ou des gestes thérapeutiques.
Un nouveau système d’entéroscope à double ballon mis au point par Fujinon, en collaboration avec la Jichi Medical School au Japon, consiste en un entéroscope et un surtube flexible coulissant autour de l’endoscope. Des ballons de latex sont fixés sur la partie distale de l’endoscope et sur le surtube. Le ballon placé sur l’endoscope est amovible. Un contrôleur gonfle les ballonnets d’air, qui sont autorégulés par des capteurs.
On fronce le grêle sur le sur-tube.
Le principe de fonctionnement est simple, «on enfile le grêle sur l’endoscope et on fronce le grêle sur le surtube». Comme avec l’élastique que l’on fait glisser, à l’aide d’une épingle à nourrice, dans l’ourlet d’un pantalon à taille élastique. L’endoscope avec le surtube est introduit dans l’intestin grêle par voie haute ou basse. La position du surtube est maintenue par son ballonnet gonflé. Puis l’endoscope seul (ballonnet dégonflé) est poussé dans l’intestin grêle. Le ballonnet de l’endoscope est alors gonflé pour le maintenir en position. Puis le ballonnet du surtube est dégonflé, le surtube est avancé jusqu’à l’extrémité de l’endoscope, son ballonnet est gonflé pour bloquer sa position dans le grêle. L’endoscope est à nouveau avancé avec son ballonnet dégonflé, et ainsi de suite. En répétant ces procédures, l’endoscope est régulièrement avancé jusqu’au bout du grêle qui peut être ainsi examiné segment par segment.
L’endoscope à double ballon a un diamètre extérieur de 8,5 mm et une longueur de fonctionnement de 2 m pour un organe de 6 m.
Cette technique peut être effectuée, sous anesthésie générale, par voie haute, par voie basse, soit en deux temps par voie haute puis basse. Par voie haute, aucune préparation spécifique n’est nécessaire. Par voie basse, la préparation est la même que pour une coloscopie standard.
Ablation de polypes.
Les avantages d’une telle exploration sont nombreux. Elle permet de détecter des lésions, de «revenir» dessus, de pratiquer des biopsies, des colorations, une électrocoagulation, de réaliser l’ablation de polypes, des résections d’adénomes ou autres interventions, pour retirer des corps étrangers (prothèses dentaires…).
Elle est indiquée en cas de saignements gastro-intestinaux, de suspicion de maladie de Crohn, de syndrome de polypose de l’intestin grêle, de coloscopie difficile, pour la résection des adénomes plans difficiles d’accès dans le côlon, pour l’examen des voies biliopancréatiques chez les patients ayant subi une intervention chirurgicale lorsque la papille n’est pas accessible par endoscopie conventionnelle.
Cette technique devient un examen de référence pour l’exploration du grêle, mais en deuxième intention. En France, seulement dix centres sont équipés de ce matériel.
D’après une conférence de presse Fujinon Fujifilm avec pour intervenants le Pr Gérard Gay, secrétaire général de la Sfed, hôpital de Brabois, CHU de Nancy, du Pr Christophe Cellier, service d’hépato-gastro-entérologie, hôpital européen Georges-Pompidou.
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