« Le système de santé n'est pas bloqué puisqu'il dérape de partout. » Député PS du Lot-et-Garonne, ancien conseiller technique de Claude Evin lorsque celui-ci était ministre de la Santé, le Dr Jérôme Cahuzac s'est fait volontiers moqueur, au 7e Forum Economie-Santé.
Il n'en a pas moins défendu le principe d'un objectif national de dépenses d'assurance-maladie fixé par le Parlement. Pour les élus de la nation , « il ne s'agit pas de voter une enveloppe fermée, a souligné Jérôme Cahuzac, mais un objectif. C'est vrai, les objectifs ont été dépassés. Mais ce sont les mêmes qui reprochent à la majorité et au gouvernement le non-respect des objectifs et qui affirment qu'il est scandaleux de donner si peu aux cliniques, aux infirmières... ».
Artisan des ordonnances de 1996 du gouvernement Juppé, l'ancien ministre des Affaires sociales Jacques Barrot estime qu'il faut « foutre en l'air la régulation comptable » pourtant prévu par ces ordonnances, pour revenir à la « régulation médicalisée », qui avait commencé en 1993-1994 avant d'être « beaucoup trop délaissée ».
Mais il n'y a pas que la régulation des dépenses ou l'ONDAM qui fasse problème. Il y a aussi, selon certains, la façon dont les pouvoirs publics mènent aujourd'hui la politique de santé. L'ex-directeur des hôpitaux Jean de Kervasdoué, aujourd'hui enseignant au Conservatoire national des Arts et Métiers, critique à cet égard « la gestion des problèmes actuels par la grève ». « Mis à part les pharmaciens, souligne-t-il, toutes les professions de santé se sont mises en grève et, dans tous les cas, la grève a payé », note Jean de Kervasdoué. Pour autant, selon lui, « les investissements financiers aux établissements de santé ne résolvent aucun problème de fond ». De même, « le problème de la médecine libérale reste inchangé », dans la mesure où il juge « très dangereux de couper la médecine de ville en tranches de saucisson ». « Les négociations n'aboutiront qu'à des problèmes », pense-t-il, à moins de rénover le pacte avec les médecins libéraux, qui « date des années vingt », en discutant de leur rémunération, de leur formation initiale et continue, du contrôle des pratiques cliniques et de l'évolution de leurs responsabilités. Compte tenu de la situation actuelle, Jean de Kervasdoué prévoit « un avis de gros temps après les élections ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature