Parlons français en médecine
On sait qu'Einstein et Langevin ont donné ses lettres de noblesse à l'expérience pensée ou expérience imaginaire, l'un avec son train à vitesse subluminique défilant devant des gigakilomètres de quais de gares balisées par des horloges relativistes et avec son ascenseur cosmique en chute libre simulant la gravité, l'autre avec son jumeau voyageur accomplissant un rapide aller et retour galactique et retrouvant son jumeau mort depuis des siècles. Ces expériences imaginées sont utiles lorsque l'expérience est impossible par son gigantisme, sa durée, ou simplement parce que trop onéreuse. Ce sont des modèles théoriques, parmi d'autres, simulant la réalité insaisissable.
Mais certains physiciens ont pris aussi la mauvaise habitude de nommer cet exercice : expérience de pensée. C'est sémantiquement inexact car cela ne concerne pas la pensée. Il s'agit d'une expérience par la pensée ou simplement une expérience pensée. D'ailleurs, les expériences simulées sur ordinateur sont une extension de l'expérience simulée par le cerveau. Il ne viendrait pas à l'idée de dire que c'est une expérience d'ordinateur.
L'étude de la conscience
De plus, les médecins nomment aussi expérience de pensée l'étude de la conscience et du comportement modifiés artificiellement par des drogues dysthymiques, excitantes ou hallucinatoires. Ce que les adeptes sectaires ou ludiques nomment états modifiés de conscience par allégeance au parler anglo-saxon, et qui sont en réalité des états de conscience modifiée.
Deux raisons pour réserver le terme d'expérience de pensée aux états de pensée modifiée par toute substance ou manoeuvre agissant sur le cerveau et modifiant la réactivité neuronique, en vue de remplacer la réponse physiologique par une réponse pathologique, que ce soit par jeu, défonce addictive ou expérience médicale. Et gardons les termes d'expérience pensée, imaginée ou imaginaire, pour la simulation mentale d'une expérience physique, ou même sociobiologique, par le seul moyen de la réflexion, de la déduction et de l'intuition.
Pour l'ordinateur, on pourrait parler d'expérience numéralisée ou computée. Dans les deux cas, il s'agit aussi d'une expérience simulée, par cerveau ou par ordinateur.
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