L 'ANGLAIS Mike Figgis (« Stormy Monday ») tourne depuis plusieurs années aux Etats-Unis (« Leaving Las Vegas », entre autres). Il n'a donc pas cherché loin le sujet de son nouveau film après « Mademoiselle Julie » : les murs hollywoodiennes, amours en tous genres, drogue, alcool et trahison. Mais pour cette satire à l'heure du numérique, il a voulu innover.
« Time Code » le bien nommé raconte quatre histoires à la fois, avec l'écran tout simplement coupé en quatre. Les acteurs ont été priés d'improviser sur un canevas très lâche et quinze prises de chacun des quatre films ont été faites. Le réalisateur, qui a tourné caméra sur l'épaule en vidéo digitale et pratiquement en temps réel, a choisi la dernière version et réalisé un montage très pointu pour que les personnages qui, on le devine très vite, ont des liens entre eux, passent sans problème d'un morceau de l'écran à l'autre.
L'écran découpé, ce n'est pas une nouveauté au cinéma, Abel Gance l'avait utilisé pour « Napoléon » et plus près de nous Norman Jewison pour « l'Affaire Thomas Crown ». Mais c'est la première fois qu'un film entier est construit ainsi. Au début, d'ailleurs, on a du mal à s'y faire, surtout quand on voit, comme il se doit*, le film en version originale et qu'il faut donc regarder en plus un cinquième élément (les sous-titres, seule la piste sonore principale étant sous-titrée). On a tendance à choisir un des quatre morceaux de l'écran. Puis, on s'y fait. Mais nul doute qu'on perd quelque chose en route.
Cela nuit d'autant plus à l'intérêt que l'on peut prendre au récit (qui tourne autour d'un producteur amateur d'alcool et de jolies créatures, d'une femme amoureuse d'une autre et de films difficiles à faire) que les improvisations ne permettent pas d'approfondir les personnages. Si Stellan Skarsgärd, Jeanne Tripplehorn, Saffron Burrows ou Salma Hayek ont des rôles à peu près intelligibles, la pauvre Holly Hunter est réduite à jouer les utilités et Julian Sands le comique de service. Et toutes les innovations du monde ne rendent pas cette satire du cinéma plus originale. Tout en admirant la performance, on déplore le gaspillage d'intelligence, de talents et d'idées neuves sur un sujet si mince.
* Pour des raisons faciles à comprendre, il n'y a pas de version française.
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