OZON N'EST PAS l'homme d'un seul genre. Il aime les explorations, les jeux avec les conventions cinématographiques – en même temps qu'avec les sentiments – et « Sous le sable », « 8 Femmes » ou « 5x2 » sont là, entre autres, pour montrer qu'il sait en tirer le meilleur. Alors, il y a cinq ou six ans, quand il a lu « Angel », le roman d'Elizabeth Taylor (Rivages Poche), il eu envie de se confronter à un univers romanesque, dans la tradition des mélodrames des années 1930-1940, explique-t-il. D'autant qu'il est tombé amoureux du personnage. Bien sûr, cette histoire anglaise – Elizabeth Taylor s'étant inspirée d'une romancière de l'époque d'Oscar Wilde, Marie Corelli, aujourd'hui oubliée – ne pouvait être tournée qu'en anglais.
Angel est une jeune fille de milieu modeste qui, au début du XXe siècle, conquiert gloire et fortune grâce à des livres que son imagination sans limite nourrit de péripéties hautement romanesques sinon d'une grande qualité littéraire. Elle n'en fait qu'à sa tête, indifférente à l'opinion des autres, peu attentive à leurs sentiments, sensible seulement à l'image qu'elle se fait de l'amour et du plaisir. Mais le monde ne se plie pas à ses caprices, surtout quand survient la guerre.
«Le grand enjeu d'adaptation, reconnaît le réalisateur, était de rendre Angel attachante.» Il a pensé à Scarlett O'Hara et du coup le spectateur y pense aussi, aux dépens d'Angel, qu'on a bien peu envie de prendre en pitié. C'est le point faible du film, dont la mise en scène, les décors, les costumes, la musique sont à la hauteur des ambitions du cinéaste. Le bel exercice de style a mangé l'émotion.
Les acteurs ne sont pas en cause : Romola Garai, pleine de vie et d'énergie, même si elle minaude un peu trop, Lucy Russell, excellente dans le rôle de la dévouée Nora, qu'elle, on plaint beaucoup, Michael Fassbender, Sam Neill et Charlotte Rampling, hélas dans un rôle secondaire. Mais, incorrigible que nous sommes, spectateurs sentimentaux, nous aurions aimé que le personnage se rachète ou même, ô horreur, que le film finisse bien. C'est mal.
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