À QUOI RESSEMBLERA notre système de santé dans vingt ans? Quelle organisation de l’offre de soins doit être privilégiée pour mieux anticiper les futurs besoins des patients? Médecins, économistes et politiques ont débattu de ses questions à l’occasion de conférences organisées d’une part par le Centre d’analyse stratégique et par l’Université Paris Dauphine d’autre part.
Premier constat : la médecine de proximité va traverser des réformes lourdes (exercice plus collectif, nouvelles rémunérations, nouvelles technologies) qui marqueront profondément l’offre de soins.
Le Pr Guy Vallancien, médecin urologue, est plutôt confiant. « Environ 250 maisons de santé existent déjà, argumente-t-il, et 1 000 projets sont en cours. Nous allons y arriver, à condition qu’on laisse une marge de manœuvre aux territoires ». Didier Tabuteau, responsable de la chaire Santé de Sciences Po, considère que « l’avenir de la médecine est dans un système de santé pluriel (ville, hôpital, secteur privé, domicile) et un travail en coopération adapté aux besoins des patients », ce qui suppose de développer de nouveaux modes d’articulation entre les différents lieux de soins sur un territoire donné. Un pilotage territorial plus fin, c’est aussi l’espoir de Jean-Luc Préel, député du Nouveau Centre, qui souhaite - depuis des années - que l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) devienne régional (ORDAM). « La ministre du Budget Valérie Pécresse est contre, mais je souhaiterais expérimenter cette idée dans quelques régions avec l’enveloppe budgétaire de l’an passé augmentée des 2,5 % officiels », suggère le député.
Un secteur libéral plus attractif.
Les médecins libéraux auront-ils leur place dans le système de soins demain ? Le Dr Claude Leicher, président de MG France, en est convaincu, mais sous certaines conditions : « Dans ma région, nous avons créé une maison de santé de 450 m2 sans aucune aide publique, explique-t-il. Être libéral, aujourd’hui, c’est assurer la totalité de son investissement professionnel. Demain, si l’on veut vraiment favoriser les regroupements pluridisciplinaires, il faudra que ça change ». Dans le public, la jeune génération de médecins généralistes approuve ses propos. Moins de 10 % d’entre eux choisissent aujourd’hui l’exercice en libéral, signe que les contraintes sont jugées trop lourdes.
Est-ce un doux rêve que de croire à une mutation réussie du système de santé français ? Non, assurent certains économistes, mais ce ne sera pas sans peine car les coûts de santé, eux, ne baisseront pas dans les prochaines années. « À cause de la hausse des maladies chroniques, il faut anticiper une augmentation du nombre de consultations », prévient Claude Le Pen, professeur à Paris Dauphine. La solution pour diminuer les dépenses ? Pour cet économiste, il ne serait pas absurde d’envisager une forme de « discrimination positive, privilégiant la solidarité pour les indigents et les plus pauvres plutôt que pour tous ». Une piste controversée. Pour d’autres, dont MG France et Jean-Luc Véret (Europe Ecologie -Les Verts), c’est par la prévention que viendra le salut.
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